Mai 232016
 

Dans un premier article, j'ai parlé du vocabulaire utilisé autour du sujet de la prostitution. J'ai ensuite parlé de l'invisibilité des femmes migrantes puis abordé la question de l'exploitation humaine et des réseaux prostitutionnels.

Je vais donc maintenant aborder la loi d'avril 2016 intitulée "Loi n° 2016-444 du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées". 

Il est important de garder en tête que sur les 30 à 40 000 personnes qui se prostituent en France, 90% sont des femmes étrangères dont la plupart sont sans papier (source : Cabiria).  On ne peut donc étudier la question de la prostitution, et les lois votées, sans connaître la position de la France quant à l'immigration. Chacun-e aura pu constater les conditions dans lesquelles vivent certain-es demandeurs d'asile et migrants. Nous sommes également bien informé-es quant au respect de la France de la convention de Genève puisque nous faisons retenir en Turquie ou ailleurs des potentiels demandeurs d'asile. Nous renvoyons également chez eux des gens dont la vie est en danger, des malades, des mineur-es. Nous continuons à pratiquer des tests osseux pour déterminer l'âge de certain-es alors qu'il a été prouvé maintes et maintes fois que ces tests ne sont pas fiables. Des migrant-es en danger de mort dans leur pays se voient refuser des demandes d'asile. La Cimade montre que depuis la réforme du droit d'asile et son entrée en vigueur en Ile de France en novembre, il est plus compliqué de déposer une demande d'asile. Le tribunal administratif de Paris a condamné de nombreuses fois la Plateforme d’accueil des demandeurs d’asile pour violation du droit d'asile. On enferme régulièrement en centre de rétention des personnes, dans des buts fort mal définis.
Je pourrais multiplier les liens sur le sujet mais cela suffit à démontrer une chose. Les droits des étrangers sont régulièrement bafoués en France et il faudrait être sacrément naïf pour penser qu'être prostituée (et même victime d'exploitation) va changer quelque chose quant à la position française sur l'immigration.

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Avr 252016
 

"Pour trouver des papiers, j'ai besoin d'argent pour les payer. Pour avoir de l'argent, j'ai besoin d'un travail et j'ai besoin de papiers pour trouver du travail. c'est le serpent qui se mord la queue".

J'emploierai systématiquement dans cet article les termes "réseau" et "exploitation humaine" plutôt que "traite" comme expliqué dans cet article. J'emploierai le mot "traite" lorsque je parlerai par exemple de la Convention de Palerme puisque c'est le terme "traite" qui y est employé.

La question des réseaux prostitutionnels a été centrale dans le vote de la loi d'avril 2016. Les chiffres qui circulent à ce sujet sont fortement contradictoires ; on va de 5% à 90% de femmes exploitées par des réseaux dans la prostitution. Je montrerai combien il est difficile au fond de ranger des histoires individuelles dans des cases aussi simples ; que "exploitées" ou non "exploitées".  On peut être exploitée un moment dans la prostitution, ne plus l'être, puis l'être à nouveau. On peut être exploitée dans un travail domestique, et considérer que les revenus bien supérieurs de la prostitution sont plus intéressants même s'ils impliquent de la violence. L'exploitation commence également souvent avec le conjoint donc il a très peu été question dans toutes les discussions autour de la prostitution. On peut être victime de violence sans être victime d'un réseau. On peut constater comme le dit Thérèse Blanchet que les hommes, pourtant eux aussi trompés, abusés, ne sont jamais vus comme victimes de trafic et pourquoi ce sont toujours les corps des femmes qui sont vus comme vulnérables.

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Avr 202016
 

Partir, nous partirons. Avec tampon, sans tampon... nous partirons. Comme des maudits et alors ? Comme des forçats... Sur le ventre peut-être, malades à crever ; sur les poings et les genoux, sur les ongles un par un, quitte à les perdre tous, sur les canines peut-être ; sanglants à force d'y laisser la peau, comme des écorchés s'il le faut ; nous partirons...
Nicole Caligaris Les Samothraces (citation trouvée dans la thèse Communautés d’itinérance et savoir-circuler des transmigrant-e-s au Maghreb de Claire Escoffier)

Il y a 30 à 40 000 prostituées en France dont 90% d'étrangères. Il est donc impossible de parler de prostitution sans parler d'immigration, de processus migratoires et des lois françaises et européennes sur l'immigration.

J'aborderai dans un article suivant la question du trafic et des réseaux.

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Avr 182016
 

Cet article est le premier d'une série consacrée à la loi sur la prostitution qui a été votée le 06 avril 2016. Le sujet est complexe et long à traiter, j'ai donc décidé d'y consacrer une série d'articles plutôt qu'un seul.

Le premier est donc consacré à certains termes utilisés lorsqu'on parle de la prostitution.

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Sep 272013
 

La députée Maud Olivier vient de présenter un rapport où elle préconise la pénalisation du client de prostituées. Je n'entends pas ici qu'on débatte pour la 1250eme fois de l'abolitionnisme ou du non abolitionnisme mais juste de cette proposition de loi. Je vais néanmoins essayer pour celles et ceux qui ne connaissent pas le débat féministe d'expliquer ce que sont les deux positions majoritairement entendues chez les féministe françaises :

- La position abolitionniste considère que la prostitution est forcément liée au sexisme, au racisme, à la lutte des classes de manière générale ; elle pose donc un problème en tant que telle et n'est pas qu'une conséquence ou un symptôme. Elle doit donc être abolie.

- La position non-abolitionniste, voulant aligner la travail du sexe sur le régime général du travail considère que la prostitution n'est pas forcément liée au patriarcat (pour faire simple), qu'elle est à la limite un symptôme et qu'elle pourrait exister hors du contexte patriarcal, raciste. A ce titre, elle n'a pas à être abolie.

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Déc 052011
 

Je voudrais revenir sur cette pétition sur l'abolition de la prostitution qui m'échauffe déjà les oreilles.
Je rappelle tout de même aux associations féministes qui signent cette pétition que vous vous alliez avec des associations catholiques. Enfin on viendra bien me dire qu'il n'y a aucune antinomie là dedans.

Note ; ne parlons pas de la prostitution consentie mais abordons uniquement le sujet de la traite, des prostituées étrangères etc.

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