Nov 152013
 

Je n'ai jamais eu peur la nuit ; j'ai eu bien d'autres angoisses mais pas celle-là et rentrer tard de nuit ne m'a jamais posé aucun problème.

La plupart des emmerdements et agressions que j'ai subis ont pourtant eu lieu tard mais cela ne m'a jamais freiné. J'ai pourtant une mère qui voit des viols/vols/meurtres/agressions/cyclones/tsunamis à chaque coin de rue (ma mère ce positivisme) mais cela n'a pas spécialement influé sur ma vie ou disons plutôt que je me sis construis en réaction à. J'ai assumé qu'il y avait des risques et accepté de les subir/affronter puisque je n'avais de toutes façons pas tellement le  choix si je voulais faire des trucs amusants.

Et puis j'ai reçu de plus en plus de témoignages de femmes qui avaient peur ; beaucoup par exemple n'écoutaient pas de musique pour être sûres d'entendre un agresseur. Je me suis vaguement demandée si je devais faire de même ; je n'ai pas changé d'avis mais.

Est ensuite survenue la fameuse page du ministère de l'intérieur ; je faisais TOUT ce qu'ils disaient qu'il ne fallait pas faire.
En sortant de mon RER j'ai environ un kilomètre à faire à pied pour rentrer chez moi ; banlieue pavillonnaire, immenses avenues vides, un raccourci de 50 mètres quasi pas éclairé.
Pour la première fois de ma vie, alors que j'ai écrit et ai totalement conscience de la stupidité de ce texte, je suis tombée dans la faille.
Et si j'avais tort. Et si ce raccourci qui m'évite une boucle immense était  dangereux. Et si faire 1 kilomètre à pied à minuit était dangereux. Et si écouter de la musique était dangereux.
Un mec mardi soir m'a sorti l'habituel "dangereux d'être seule à cette heure là". Et puis il m'a suivie ; la démonstration par l'exemple sans doute. Je n'ai pas eu spécialement peur mais je me suis encore une fois questionnée.

Alors je vais évidemment continuer à rentrer à pied de nuit.
Je ne laisserais à personne le droit de me dire, s'il m'arrive un truc, que je l'ai cherché. A personne sauf peut-être à moi, le ver est dans le fruit. Je pensais être plus forte que des conditionnements sexistes de ce style, plus en âge d'y succomber et non.

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  47 réponses sur “La peur qui ne change pas de camp”

  1. Globalement tu as quand même plus de chance de te faire agresser et tabasser en étant un homme qu'une femme, c'est ça le plus fou! (Et de jour.)

  2. Pour ma part le ver sort du fruit.
    Agressée et violée à 16 ans dans une ruelle sombre, j'ai longtemps eu peur. Je conserve d'ailleurs un stress post-traumatique qui me crée un sentiment de panique dès que quelqu'un me suit de près dans la rue et que je sens sa présence juste derrière moi (homme, femme, jour ou nuit). J'ai appris à vivre avec, j'identifie vite l'étouffement qui monte, je me laisse dépasser et hop c'est fini.
    Mais pour ce qui est de sortir la nuit, plus je "vieillis", plus je m'en tape. Bien sûr j'ai de petites appréhensions dans un coin vraiment sombre, ou si je croise une bande de gens visiblement avinés. Mais j'ai un espèce de sentiment de surpuissance qui grandit, en mode "de toutes façons le prochain qui me fait chier je lui fait un collier avec sa bite". C'est peut-être faux, le passé m'ayant appris que physiquement je ne suis pas forcément de taille à lutter (mais j'ai essayé). Mais j'ai comme un ras-le-bol d'avoir peur qui me donne des ailes. Comme quoi, ce n'est pas irréversible.

  3. Je n'ai jamais craint pour ma vie pour ma simple présence dans un lieu, ni dans la rue, ni seule, ni la nuit.

    Il y a 2 semaines, à 20h alors qu'il faisait nuit noire à cause du changement d'heure, deux hommes ont surgit de derrière moi, pendant que l'un me ceinturait avec ses bras et plaquait sa main contre ma bouche, l'autre m'a fait les poches. Ils m'ont jetée par terre et sont partis en courant.

    La peur de ma vie.
    Parce qu'évidement quand ils me sont tombés dessus je n'ai pas pensé une seconde à mes biens.
    - Est-ce qu'il essaie de m'endormir avec du chloroforme ? Ah non
    - Comment vais-je me débattre s'ils essaient de me violer ? 404 not found.

    Trop de clichés. Ceux du violeur inconnu tapi dans l'ombre, ceux des méthodes qui n'existent que dans les films.
    Je connais les stats, le reflet de la réalité, je suis consciente des clichés sur le viol et de la nécessité de lutter contre eux.
    Et pourtant, dans l'urgence, c'est la seule chose que mon cerveau a pu produire.

    Et c'est intéressant, surtout quand on le partage, j'ai été agréablement surprise de la bonne réception de mon agression par mon entourage. Aucun reproche, aucune explication sur ce que j'aurais dû faire, et ce que je pourrais faire à l'avenir.
    Et à celleux qui m'ont dit d'éviter les ruelles sombres, je leur ai répondu que je refuse d'avoir peur, et que continuerai d'occuper l'espace public comme n'importe quel malfrat. Et illes ont compris.

  4. Je ne suis pas exactement confrontée à ce genre de situations, mais je fais un boulot bizarre, qui me force à être à proximité d'hommes "faits", des vrais, des purs et durs : des agriculteurs.
    La promiscuité physique est parfois extrême, entassés dans un tracteur pour une chose ou une autre, ou coincés dans la salle de traite à tourner et brasser en s'évitant comme on peut...
    Isolée dans des coins paumés, des granges à foin, des écuries loin des villages, commencer la journée très tôt, la finir souvent de nuit l'hiver.

    Et tout cas presque collée-serrée avec des hommes capables de me soulever d'une main, que je ne connais pas ou peu, etc...

    Certains, je les "sens" moins. Mais même si je me suis souvent interrogée sur "est-ce que je devrais avoir peur", j'ai toujours décidé que non, et que si je me trompe, tant pis. je vais pas arrêter de dépanner des dizaines d'hommes, de familles, juste à cause d'un connard potentiel.

    Parfois, j'ai eu peur, je me suis interrogée...
    Une fois j'ai eu très très peur. Et puis finalement j'ai réussi à louvoyer, ne jamais rester seule avec lui, et ça a été.

    Mais c'est une décision consciente et volontaire que j'ai prise il y a des années maintenant : je refuse de me couper de mon milieu, mon métier, ma passion, parce que peut-être un jour je croiserai la route d'un nouveau cinglé.
    de toutes façons, des cinglés, il y en a partout, alors au boulot ou dans la rue, voire chez moi... Quelle est la différence, si ça doit arriver ?

    • excuse moi c'est un peu hors sujet mais peux tu décrire ton métier ?
      je ne pensais pas qu'il existait encore en fait. (oui ok tu peux rire 🙂 ) .

      • Je suis remplaçante agricole 😉
        Je suis salariée, (de l'organisme "Service de Remplacement", qui dépend de la Chambre d'Agriculture), en CDI.
        Les agriculteurs intéressés payent une cotisation annuelle au service (ou groupement d'employeurs), et en échange quand ils ont besoin d'être remplacés pour n'importe quoi (vacances, maladies, accidents, etc...) ils ont quelqu'un qui vient travailler (si on a assez de vachers, c'est la crise pour trouver des ouvriers compétents).
        Ca peut être aussi en "doublage", quand ils ont trop de boulot pour les UTH présentes, ils peuvent prendre le salarié pour aider.

        Ca fait comme de l'intérim en fait, la sécurité de l'emploi en plus.

        Parfois (souvent) les gars sont malades ou accidentés mais viennent quand même bosser, un agriculteur c'est par définition incapable de rester tranquille. Du coup je travaille pas mal avec finalement. Et quand je reprends une ferme, le gars (ou la femme) reste une demie journée ou une journée, en "doublage", pour m'expliquer comment tout fonctionne, donner les consignes, montrer les outils, etc...

        C'est pour ça que je me retrouve parfois dans des situations farfelues, à deux dans un tracteur une place, ou autres 😉

        Et je ne vais pas me moquer ni rigoler, parce que le monde rural/agricole est tellement à part que peu de monde, finalement, sait comment ça se passe ! J'ai même rencontré des agriculteurs qui ne connaissaient pas l'existence des Services de Remplacement, alors tu vois.... ^^

        • en fait ca va plus loin je pensais qu'il n'y avait plus de vacher (ou plutôt qu'on leur avait donné un autre nom) 🙂

          merci de tes explications.

  5. De mon côté je n'avais pas peur la nuit.
    Ce qui est plus insidieux c'est le fait que dotée d'enfant en âge de sortir le soir et de plus en plus au fait des discours sociétaux (prise de conscience, plutôt) et bien je commence à me faire du mouron pour mes mômes.
    Mauvais ça.
    Avec l'absolue nécessité de taire mes (nos) craintes afin de leur laisser la liberté d'aller et de venir.
    C'est une lutte constante.

  6. J'aime beaucoup la nuit, mais la plupart de mes trajets nocturnes se sont faits au moins en état d'alerte, au pire avec la peur au ventre. A éviter le métro après 22h (parce que je m'y suis déjà fait agresser, c'était avant 22h "mais ça veut bien dire"), à longer les murs, à renoncer à un concert à la fac parce qu'on m'a dit que le RER le soir ça pouvait être dangereux (j'ai constaté par la suite que c'était de la connerie), à éviter de rentrer ivre parce que je me sentais vulnérable.
    Depuis quelque temps j'essaie de me soigner, et là je repense à un souvenir qui date de 3-4 mois. Je ne sais pas si c'est complètement con ou pas, mais comme l'injonction à la pertinence a disparu... Deux heures du matin, je rentre de chez d'une partie de jeu de rôle chez des potes. La partie a été glorieuse, on a sauvé le monde avec brio, assuré sous tous les points, vaincu les pires bestioles. Un groupe repart en voiture mais ils ne passent pas du tout sur mon chemin, je vais donc devoir rentrer à pied seule. J'ai une mini bouffée de panique à cette idée, et juste après je pense qu'on vient de sauver le monde, que je viens de sauver le monde et de tuer des monstres, et ce n'est pas une poignée de crétins dans MES rues, dans MA ville, qui va me faire peur.
    Le retour s'est fait dans un état de calme appréciable.

  7. Je poste encore un texte en lien, de ma copine Tchak qui parle de ce que ça fait, de ne pas sortir la nuit ou de sortir la nuit : http://gendertrouble.org/article177.html. La peste ou le choléra ! Ne pas céder, je préfère le choléra d'un connard tous les trois ans. Sans présumer de ce qui pourrait se passer.

    Depuis quelques semaines, je fais du wendo, c'était très à la mode il y a dix ans mais je n'ai l'occasion que maintenant. On apprend à se familiariser avec l'idée (et la pratique !) de donner des coups, et fort. Mais surtout, c'est l'occasion de se faire du bien, de rigoler en non-mixité formelle, d'être plus à l'aise dans son corps, plus à même de ne pas être sidérée (effet lapin dans les phares qui peut toujours nous submerger). Même si je n'avais pas peur avant, entre autres parce que je profite de l'avantage d'être grande et costaud, je me sens plus puissante, c'était le but. Et taper fort, ça s'apprend, faut pas se laisser aller aux déterminismes biologiques !

    Et oh, dès qu'on parle d'un truc concret on se retrouve en non-mixité FLT dans les commentaires, waw !

  8. PS : Il y a 4 % de femmes dans l'espace public la nuit. C'est comme quand il y a 4 % de vélos, on est plus fragile sur la route parce qu'on est des aberrations et pas des usagères parmi d'autres. La marche de nuit, c'est une masse critique, en fait !

  9. A te lire, et à lire les commentaires, je me rends compte à quel point on est (je suis) conditionné par ce discours de peur.

    J'ai toujours la trouille de rentrer à pied seule le soir, pourtant je n'ai JAMAIS été emmerdée dans ce contexte, et mes parents ne m'ont jamais tenu de discours alarmistes sur les risques d'être une fille seule dans la rue le soir. Leur seule prévenance était que, encore jeunes ados, on soit raccompagné d'une manière ou d'une autre par un adulte, mais ça valait également pour mes frères.
    J'ai eu la chance de toujours habiter des quartiers sans risque, même si ça veut dire, la nuit, des rues vides et sombres à l'aspect inquiétant.

    Les fois où j'ai été emmerdée, c'était toujours en plein jour, dans des rues fréquentées, sur la plage ou dans le métro, à des heures "décentes" (entre 9h et 18h) et pas dans mon quartier de vie. Pourtant, ce n'est pas là que je stresse !

    Du coup, comme je ne veux pas renoncer à mes sorties ni à mon boulot qui m'amène parfois à des retours tardifs, ben j'essaye d'assumer ma trouille, je marche vite et je regarde droit devant. Je me répète que je ne crains rien, que statistiquement les risques sont ailleurs, mais la peur est toujours là... Et j'hallucine à chaque fois d'avoir si bien intégré le discours de peur transmis par l'ensemble de la société, les médias, etc, puisqu'il ne m'a pas été tenu en famille, pas plus qu'actuellement par mon conjoint qui trouve normal que je rentre seule la nuit et anormal que j'ai peur (pour lui, en gros, "dans un monde idéal, cette peur ne devrait pas exister"), et que mes expériences personnelles s'opposent à cette corrélation fille seule + nuit = emmerdements.

    Quand je peux, je me déplace à vélo, je stresse beaucoup moins qu'à pied (et je prends un grand plaisir à rouler dans des rues vides, à prendre possession de l'espace de circulation d'habitude monopolisé par les voitures).

  10. C'est le problème de l'effet performatif de dénoncer les peurs que vivent plein de femmes : que cette peur se propage à celles qui n'ont pas peur.

    J'aimerais bien écouter toutes celles qui n'ont pas peur : ce qui fait qu'elles ont confiance, se sentent libres, pour que la nouvelle génération soit élevée de manière à ne pas avoir peur, voir, soyons folles, que les peureuses comme moi arrivions à nous en défaire un peu.

    • C'est difficile de t'expliquer pourquoi je n'ai pas peur car cela n'est pas plus rationnel, je crois, que d'avoir peur.
      par exemple mon mec me disait que lui dans la rue le soir (il a eu une adolescence avec un look très marqué donc qui peut attirer les regards et les emmerdes) ne met pas de musique. pour gérer s'il y a un souci. au final c'est rationnel comme attitude. plus que la mienne qui n'entendrait pas si un éléphant me saute dessus.
      j'ai subi des agressions violentes voire très violentes dans la rue et ca n'a jamais rien changé. c'est etrange en y pensant. (peut etre aussi que ca vient de mon éducation ma mere est super parano/peureuse etc pour moi. au lieu que je me mette en état de peur, je me suis construite en opposition à cela ?)

    • Ca peut être aussi le côté, comme "fataliste" par rapport au danger : perso, si je me fais agresser, je sais pas trop ce que ça changera que j'entende "arriver" ou pas. Surtout que bon... je sais pas si on entend grand chose...

      J'ai cette tendance, moi, à me dire que si je dois être agressée ça se fera, et si je peux me défendre, en ai la capacité, je le ferai aussi.

      Mais je sais que me concernant, mon boulot, mon quotidien, et mes fréquentations (ce mois-ci j'ai un énorme taureau de près d'une tonne que je côtoie, je suis parfois obligée de m'accroupir dessous) dont je ne peux pas gérer les réactions de peur, ça joue énormément sur mon absence d'appréhension.

    • Bonjour,

      tout d'abord merci à Valérie pour ce billet, je vais en profiter de ta suggestion pour livrer mon expérience de "fille pas flippée" surnommée "la suicidaire" par ses copines (ça ne s'invente pas)

      Je n'ai pas de secret, sinon de faire un mètre 74 et d'avoir une famille pas flippée (mes proches ont commencé à me sortir des "oh tu devrais faire attention le soir quand j'étais trop âgée pour me faire changer d'avis). ça plus le fait que mon père a une dégaine de psychopathe sinistre paraît-il (c'est faux, mais des enfants l'ont surnommé hitman dans les rues et les nanas flippées changent de troittoir quand elles le croisent dans la rue)
      Et pour couronner le tout, j'ai toujours été la plus grande à l'école. Ma mère a été capable de me sortir des trucs comme "tu es plus grande et plus lourde qu'eux, s'ils t'embêtent, tu te défends" (je ne courrais jamais assez vite pour les taper, cependant)

      A mon palmares
      _monter dans une voiture d'un contact internet pour aller faire une partie de jdr (à 17 ans je suis partie de la supposition qu'un pervers n'irait pas recruter ses victimes sur un site de rôliste, antre de geeks finis comme chacun sait 😉 ) . J'ai avoué facilement à ma famille que mes loisirs consistaient à jouer à donjon et dragon (ce qui n'est pas glorieux pourtant, depuis je suis passée à des choses charmantes et poétiquement appelées vampire la mascarade ou In Nomine Satanis. Oups) mais je ne leur ai jamais dit les circonstances de ma première partie.

      _comparer un jeu vidéo appelé Silent Hill avec un autre appelé "la vraie vie". Dans le premier cas il n'y a pas assez de munition pour venir à bout des monstres planqués dans le noir et dans le brouillard, dans l'autre, rien de comparable.
      _A la fac, j'avais des copines super flippées: en quittant les soirées elles exigeaient que je leur envoie un sms pour dire que j'étais bien rentrée chez moi. Je précise que c'était à Lille aux abords du quartier Sud.
      Deux choses:
      _les abrutis dorment la nuit
      _un rapide coup d'oeil à l'extérieur m'a appris que les bestioles de mes jeux vidéos d'horreur favoris n'étaient pas de sorti.
      J'ai donc pris l'habitude d'envoyer des textos à mes amies du style ("ok je suis bien arrivée chez moi, j'ai tabassé deux gars sur la route et j'en ai violé un troisième + éventré un dernier pour le trafic d'organe. " (oui aujourd'hui je ne trouverais peut-être plus ça du meilleur goût, mais c'était l'idée)

      Et à force de rentrer seule le soir, je me suis rendue que soit y avait du monde et c'était ok, soit y avait personne et finalement, c'était ok aussi. La probabilité de faire une mauvaise rencontre est faible (et entre temps j'avais vu des chiffres semblables à ceux de Valérie qui montraient que la majorité des agressions sexuelles étaient dû à des connaissances, ça aide à destresser le soir)

      Puis je me suis rendue compte aussi avec le temps que la plupart des hommes sont pas fort physiquement. Lorsqu'ils sont déstabilisés, ils sont aussi sur deux ronds de flans que des femmes, on l'oublie trop facilement. Ils sont pleins de points mous (gorge, abdomen, parties génitales, yeux... oui j'aime me prendre pour une psychopathe) et que finalement, y avait pas de quoi avoir peur.

      Pour l'anecdote: il y a 3 semaines, je suis tombée sur un exhibitionniste durant mon jogging. J'ai foncé sur Mr Cul Nu en l'insultant comme du poisson pourri. Il est parti se cacher dans des buissons. J'espère le recroiser quand j'aimerais essayer de lui piquer son pantalon, (l'idée de me faire poursuivre par Mr Cul Nu désespéré un dimanche en ville avec plein de monde autours me fait beaucoup rire)

      • "Ils sont pleins de points mous", hé hé ! L'auto-défense, je crois que c'est un peu pour se défendre mais avant tout pour arrêter d'avoir peur et se sentir bien. Une fois que tu sais où sont les points mous et que tu t'es visualisée trente fois en train de taper dedans, il y a un truc qui se débloque.

        Et je voulais en rajouter sur la "démonstration par l'exemple" qui est un point vraiment intéressant du texte. Un jour j'ai vu un gars la trentaine à la fin d'une réunion insister lourdement pour raccompagner une fille de même pas vingt ans, et c'était le vrai chantage à l'agression, le "tu sais c'est dangereux, (beaucoup moins avec moi qui vais essayer de te rouler une pelle, pardon : voler un baiser comme on dit complaisamment)". Mais en soi c'était du harcèlement. D'un côté ceux qui sont dans la négation et le mépris pour de peurs qui peuvent sembler peu justifiées statistiquement, circulez y'a rien à dire. Et de l'autre ceux pour qui c'est un autre outil de pouvoir sur les femmes...

      • "un rapide coup d'oeil à l'extérieur m'a appris que les bestioles de mes jeux vidéos d'horreur favoris n'étaient pas de sorti."

        Huhu, c'est ce que je me dis aussi quand je sors de nuit^^

        Je n'ai pas peur des pervers ou des violeurs, mais j'avoue que je redoute une créature bizarre surgissant de l'ombre...Ou une dame blanche au bord d'une route. (Bonne à interner, oui je sais).

        J'ai grandit dans un climat de peur permanente, induite surtout par ma grand-mère qui voyait des voleurs et des pervers de partout. Mais en compagnie d'un homme ça va, même si cet homme est mon petit frère de 12 ans. C'est ça qu'on m'a appris, une fille seule dans la rue sans mec pour la protéger, ou une femme seule chez elle, sans son mari -ou son frère- et sans avoir sa porte fermée à double tour (pense aux cambrioleurs ma chériiie !!) il va forcément lui arriver des bricoles.

        C'est peur être à cause de ça que j'ai cultivé un certain esprit de contradiction. Un jour on m'a dit qu'un homme m'avait suivi sur le raccourci de l'école, ma mère l'a su et j'ai eu ordre de faire le grand tour -plus fréquenté- pour pouvoir rentrer dans un magasin en cas de problèmes. Du haut de mes 13 ans, j'ai continué à prendre le raccourci namého, pourquoi me priver de 10 minutes de sommeil le matin à cause d'un potentiel pervers ?

        Il y a quelques années j'ai été amenée à faire de longs trajets seule de nuit, plusieurs fois par semaine. D'abord traverser un bourg désert, à l’exception des alentours du bar plein d'ivrognes, puis 2 km sur une route de campagne mal éclairée, puis traverser encore un petit village totalement désert avant d'arriver chez moi. Aller en début de soirée et retour vers minuit, le tout en roller + musique à fond. Même pas peur des méchants pervers. Le seul truc qui me faisait flipper c'était un éventuel monstre de jeu vidéo surgissant de derrière un buisson. Rigolez pas, j'ai une imagination débordante et de nuit, le paysage IRL ressemble beaucoup au paysage in game.

        J'ai fait du stop plusieurs fois, j'ai croisé des types louches plusieurs fois, j'ai été dans des situations qui ont fait hurler mes amis plusieurs fois, parait que je me suis mise en danger...Peut être. Et alors ? Les types louches des fois on discute un peu (je veux dire, on les engueule un peu) et ils partent la queue entre les jambes, sinon on peut les cogner aussi. Il faut apprendre à se défendre. A ceux qui me font la morale sur mon manque de peur, ma conduite et surtout à ceux qui terminent sur "un jour tu vas te faire violer", je répond que c'est déjà fait, et les agressions aussi. Mais c'était pas dans une ruelle sombre la nuit, c'était chez moi et c'était mon copain.

        En vrai dans la rue je n'ai peur que de deux choses, perdre mes enfants dans la foule et que l'un d'eux se fasse écraser par une voiture. Et évidemment, mes filles sauront cogner^^

      • Je suis aussi une stoïque de la vie nocturne, mais parfois je me dis qu'il y a des situations où j'aurais dû flipper...
        Genre : - Une nuit marseillaise, 3 bastons dans la rue où on buvait notre bière avant d'entrer en boîte. On appelle la police deux fois (moi appeler la police, non mais on est où là?) et la troisième je sors de mes gonds, j'entends les cris de la nana avant de la voir. Son mec la frappe violemment, la pousse par terre et lui parle comme à un animal. Je me mets à gueuler comme un putois sur le mec, "lâche la connard, c'est pas ta chose"... Ils passent devant, ils sont accompagné d'un pote. Un peu plus loin ça continue, il la jette par terre. On appelle la police. Ils redescendent vers un fast food mais sans leur pote. Ha si il descend aussi avec un air énervé. Moi je continue à gueuler, et là il est devant moi avec un couteau, je continue à gueuler et me retourne, mon meilleur pote s'est barré en courant, le mec le suit, du coup.
        Le meilleurs de l'histoire c'est mon pote qui me dit après "vous les meuf vous tapez des scandales dans la rue et après c'est à nous de nous battre pour réparer vos conneries".

        Et toutes ces fois où des mecs un peu éméchés ou un peu seuls m'ont suivit en m'invitant à venir boire une bière/manger un pizza/prendre du plaisir... J'ai toujours réussi à m'en débarrasser avec le sourire. Quand j'y pense je me dis qu'un jour ça va me tomber dessus, en n'étant pas prudente...

        Mais bon, selon mon expérience, ce jour là, tu t'y attends le moins parce que c'est ton ami, ton copain et toutes ces fois où ça laisse un sale goût sans que ça ait ressemblé à une agression sensationnelle.

  11. Je suis souvent seule le soir, que ce soit pour rentrer dans les transports ou dans la rue suite à une sortie et même si j'ai toujours une petite appréhension (j'ai trop souvent entendu "sors pas toute seule sinon quelqu'un va te faire ta fête et faudra pas venir te plaindre après") j'essaye autant que possible de la mettre de côté : si on commence à avoir peur de tout, autant ne plus rien faire. Mais ce n'est pas toujours simple et il y a bien souvent ces avis de proches qui sans s'en rendre compte, continuent de tout ramener à la peur et à la "faute" des victimes.
    A ce sujet, rue89 avait fait un article que j'avais trouvé plutôt bon : http://www.rue89.com/2011/06/04/avant-pour-moi-le-viol-cetait-une-ruelle-sombre-un-inconnu-207833

  12. J'aime beaucoup ta comparaison Silent Hill/vraie vie, Lachesis. Ceci dit, pour défendre Silent Hill : là-bas les bestioles qui passent devant la fenêtre ne viennent pas t'emmerder quand t'es à l'intérieur (les joies d'un appart en rez-de-chaussée). Ou très rarement, avec une cinématique classe.

    Sinon, côté 3615 Mon IRL : pour ma part, non seulement je n'ai pas peur la nuit, et je me balade régulièrement de nuit -je copie Lachsis, et fais régulièrement des jeux de rôle, des jeux de plateau, sans compter les réus et autres trucs militants ou féministes.
    Mais en plus, j'associe la nuit, plus que le jour à la sérénité, la sécurité .Même si je ne suis pas super flippée non plus le jour, et que croise des connards harceleurs (très occasionnellement) à toute heure. Je pense que c'est parce que les connards harceleurs de mon village natal étaient couchés à deux heures du mat', et que du coup je faisais le mur la nuit pour pouvoir me balader sans être emmerdée, ado. Et parce qu'à la maison aussi, la famille couchée, j'étais libre et en sécurité.
    Comme j'aime aussi beaucoup la solitude et le calme qu'elle permet, j'ai en plus tendance à passer par des coins isolés, à traverser le parc sur le trajet si la grille est restée ouverte, choisir la rame vide du RER... Même si à force d'entendre des discours alarmistes, la peur m'a déjà effleurée, j'ai vite rationalisé et surtout, elle a vite disparu sous le plaisir que j'y prends. Et également, comme une intervenante l'écrivait plus haut, en m'imaginant réagir super violemment à une agression, de nuit comme de jour. Notamment quand je suis fatiguée, parce que j'ai l'impression d'être vulnérable, que ça m'angoisse et me rend un peu agoraphobe.

    Voilà voilà, je passe sur la paranoïa de ma mère et de certaines connaissances, mes proches me foutent la paix en général, donc rien de très marquant au final...

  13. Bonsoir,

    Je voulais ajouter un commentaire à l'article à propos de l'idée d'éviter les raccourcis et les endroits mal éclairés. C'est un conseil qui m'a été répété très régulièrement durant la période où j'ai pratiqué le ju-jitsu (variante guerrière du judo). D'après mon professeur (qui s'adressait donc autant aux hommes qu'à moi, la seule femme du cours), il s'agit de la première règle de self-défense. Cette règle ne connait aucune exception de genre, ni même de gabarit.

    Le seul conseil spécifique que j'ai reçu en tant que femme était de ne pas faire de pitié. Dans le contexte de l'exercice, cela signifiait : entraîne toi à crever les yeux de ton adversaire (pas d'inquiétude, c'était de l'entraînement).

    Mine de rien, je pense que ces cours m'ont donné de bonnes habitudes, non pas en tant que femme mais en tant que personne.

  14. Je suis souvent la seule femme dans le rer le soir. Et en 10 ans les deux seules fois où j'ai senti un truc qui allait pas la 1ere fois des gars qui effectivement cherchaient la bagarre avec le premier qui les regarderait et l'autre fois des jeunes policiers qui ont été très insistant pour me raccompagner en me posant des questions sur ma vie sentimentale, j'ai vraiment flippé.

  15. guillaume ; on va se passer de tes posts visant à minimiser les expériences des femmes ou à les traiter de folles.

    • Surtout qu'il a rien compris, on dénonce justement cette société qui pousse les femmes à avoir peur, alors qu'il n'y a pas lieu. Je parlais de deux occasions où j'ai senti un truc ( dont une ne me concernait pas)sur les milliers de même situation (dont une dizaine où des policiers m'ont drague en cours de contrôle) donc un % très faible.
      Et ce monsieur n'a jamais été confronte aux lapidaires "bah qu'est ce que vous faisiez dehors aussi?". C'est mignon tout plein c'est toujours la faute de la femme.

    • Ce qu'il dit n'est pas complètement faux, notamment par rapport à l'image transmise par les médias. Mais c'est vrai qu'il faut avoir été dans la position d'une femme "lambda", où dès l'enfance on t'a plus ou moins fait comprendre que l'homme en général est plus fort que la femme ; que si tu t'habille pas bien couverte dans la rue, c'est normal que tu te fasse accoster (et le verbe est bien choisi) par des gars ; que toi seule contre un groupe de mecs, t'as aucune chance... Bref, la position de femme faible qui n'a pas son mot à dire, on l'a toutes plus ou moins ressenti, et ça, pour en avoir parlé avec pas mal de mecs, on ne le retrouve pas chez eux. Ils ont du mal à concevoir que les nanas réagissent comme ça parfois.
      Un petit exemple que je donne souvent et qui aide à comprendre : si depuis que t'es tout gamin, on te diabolise un animal, genre le serpent ou l'araignée, tu vas forcément avoir une peur irrationnelle et inconsciente de la bestiole, même si elle passe près de toi sans rien faire. Si l'animal est trop près, tu vas lui accorder des mauvaises intentions, juste parce qu'on t'a formaté le crâne comme ça.
      Perso, j'ai toujours un peu le flip dans les rues sombres et désertes ou quasiment. Et pourtant, habitant un quartier "cité" considéré comme "craignos", je me suis + faite emmerder en journée au centre-ville que la nuit là-bas...

    • Vous êtes choquée par cette phrase?

      Le parquet voulait sans doute dire qu'un viol peut, par exemple, être accompagné d'actes de torture et de barbarie. Il peut également être suivi de meurtre (voire précédé de meurtre mais c'est plus rare).

      La loi distingue d'ailleurs le viol du viol aggravé.

      Ce n'était visiblement pas le cas dans cette affaire.

      C'est une appréciation sans doute un peu clinique du viol par un professionnel du droit pénal. C'est souvent un peu abrupt. Mais, dans le cadre d'un procès d'assises, ce professionnel est tenu de proposer une peine (il a proposé 5 ans, ici).

      Donc de hiérarchiser la douleur.

      Dans l'article que vous mettez en lien, l'accusé était poursuivi pour un viol commis, d'après ce qu'on comprend, par surprise: le violeur présumé et sa victime étaient alcoolisés, la victime ne se souvenant semble-t-il plus des faits. La cour d'assises a dû statuer sur la validité du consentement donné à un rapport sexuel qui a bien eu lieu alors que la femme n'était pas en état, selon son avocat et l'accusation, d'exprimer un consentement à l'acte sexuel, étant précisé qu'il n'est pas exclu qu'elle ait pu le faire, sur le coup.

      Mais le parquet comme l'avocat de la victime semblent estimer que ce consentement éventuel n'était pas valable.

      La position du parquet se comprend dans ce contexte: il est reproché à l'homme de n'avoir pas été maître de ses pulsions (remarquez l'emploi de ce mot) alors que la femme n'était pas en mesure d'exprimer un consentement sain et éclairé, compte tenu de son alcoolisation.

      Donc, en résumé: une femme rendue vulnérable par l'alcool, car une femme qui boit devient une femme facile, et un homme désinhibé de ses "pulsions" par l'alcool, car un homme qui boit devient vicieux.

      C'était le procès de la femme facile contre l'homme vicieux, si vous préférez, tout ça sur fond d'alcoolisation excessive.

      Et, d'après l'avocat de la défense, la femme ne se souvient plus de ce qui s'est passé mais a déclaré qu'il n'a pas pu se produire autre chose qu'un viol, ce qui serait une "nuance de taille". Elle ne dit donc pas "cet homme m'a violée", elle dit "je n'ai pas pu être d'accord, mais je ne m'en souviens plus".

      En clair, selon la défense, deux personnes bourrées ont eu un rapport sexuel: l'homme s'en souvient et affirme que la femme était consentante, la femme a oublié et affirme qu'elle ne peut pas avoir donné son consentement, donc qu'il y a viol.

      La cour d'assise a suivi la défense et a acquitté l'accusé.

      Mais je vois peu de rapport avec le sujet de l'article, cela dit.

      Par ailleurs, je ne voudrais pas que vous me trouviez désobligeant, mais pourriez vous me dire ce que vous faites accroupie sous un taureau d'une tonne? On ne les trait pas que je sache?

      Ou alors...?

    • guillaume ; en fait tu vas JUSTE te taire et éviter de continuer les conneries de type vous haïssez les hommes.
      tu lis, tu t'éduques et tu cesses de dire de la merde.

    • "Mon post n'était pas la pour minimiser quoique ce soit, une fois de plus je le repete j'ai bien conscience que la societee est plus dangereuse pour une femme, que c'est a combattre etcetc."

      Sauf que ce n'est pas vraiment le propos de cet article. Je cite Lyly, juste au-dessus : "Surtout qu'il a rien compris, on dénonce justement cette société qui pousse les femmes à avoir peur, alors qu'il n'y a pas lieu."

      Je n'ai certes pas lu tous les commentaires, mais je ne vois pas vraiment où tu vois qu'il est dit - même implicitement - que tous les hommes sont mauvais. Cet article (et les autres sur le même sujet) cherche à questionner la peur que la société inculque aux femmes, peur vis-à-vis du viol et des hommes donc. Que des femmes racontent dans les commentaires les situations où elles ont eu, à tort ou à raison, peur d'un homme n'est pas vraiment surprenant. Mais si tu comprends qu'elles pensent que tous les hommes sont dangereux (alors même que le propos est de questionner la légitimité de cette peur), c'est sans doute toi qui comprends mal...

  16. Moi, un truc que je ne comprends pas, c'est que plus je vieillis et plus j'ai peur. Quand j'avais 19 ans et que j'habitais Gare du nord à Paris, j'étais toujours sur le qui-vive dans la rue, mais plus sur un mode vénère, genre "le-premier-qui-fait-des-bruits-de-bisous-sur-mon-passage-je-lui-éclate-la-gueule". Et il faut dire que le harcèlement de rue, dans ces quartiers et à cet âge-là, est très fréquent (une vingtaine d'occurrences par jour)

    Aujourd'hui, j'ai 28 ans, je vis dans un quartier plus tranquille de Paris. Je ne me déplace qu'à vélo et, comme Georgia (commentaire n°9), cela m'a apporté une certaine tranquillité.
    Mais quand je me retrouve à pieds, je ressens une peur comme je ne l'ai jamais ressentie. Ce n'est plus de l'irritation comme avant mais plutôt de la crainte ("pourvu-que-personne-ne-vienne-m'emmerder").

    Et pourtant il ne m'est jamais rien arrivé de plus grave que du harcèlement de rue (dont je ne minimise pas l'impact, qui est particulièrement délétère du fait de l'atmosphère qu'il installe, car ce sont des faits répétés qui finissent par être habituels).
    J'imagine que je ressens cette peur parce que j'ai perdu l'habitude de marcher à pieds et que j'ai un copain depuis trois ans avec qui je suis pas définition souvent dans la rue... Mais je pensais vraiment que je prendrai de l'assurance en vieillissant et en m'engageant dans un mouvement féministe.

    • Plusieurs personnes m'ont fait la meme reflexion, elles se sentent plus oppressees alors qu'elles n'ont jamais eu de problemes. Est-ce qu'on peut lier cet etat a l'augmentation de la mediatisation de l'insecurite? (Alors qu'il n'y a pas d'augmentation reelle de la delinquance).
      On voit plus la misere aussi? Sans que c'est un lien avec l'insecurite reelle on percoit une fausse correlation (alors que les etudes ont montre que plus on est riche plus il y a plus de probabilites d'etee malhonnête...je me souviens avoir croise des camarades de classe mendier en primaire, et que ce phenomene (enfants mendiants) avait quasiment disparu pour reapparaitre depuis 6-7 ans. J'en vois systematiquement dans le rer aujourd'hui. On ne peut plus dire "tout va bien madame la marquise " et du coup les gens culpabilisent plus et font un phenomene de rejet

    • Moi plus je vieillis et plus je deviens une mémère ;-).
      1-je cours moins vite !
      2-on ne se prend pas du sexisme dans la gueule pendant des années sans se reformater, et c'est la compète entre la perte de l'inconscience (cette impression qu'avant d'être une meuf, vulnérable et tout, tu es un être humain et on va pas te faire chier ! tu n'est pas genrée donc tu es en-dehors de cette merde, ou tu l'es mais tu penses que c'est ton choix et pas une allégeance, dans tous les cas tu es jeune et libre - eh bien cette impression disparaît au bout de plusieurs années de traitement sexiste) et des réflexions féministes qui font avancer pour essayer de retrouver cette puissance, mais travaillée, mûre, et ici pour rester.

      Il y a un mauvais moment à passer ! Mais après, vu mes copines qui ont la quarantaine ou la cinquantaine, tu peux de nouveau éviter les situations relou où on abuse de ta complaisance ou de ta vulnérabilité. Et quand je parle d'abus, je ratisse plus large que le champ de la sexualité et de la violence physique, c'est toutes les situations où tu es super pratique pour les mecs autour de toi parce que tu ne sais pas dire non et non seulement tu te tapes le sale boulot, mais en plus tu ne pourras le reprocher à personne : tu as "consenti" (en clair, tu l'as fait en râlant, mais tu l'as fait et avec de bonnes boules Quies on peut s'éviter de t'entendre). Il y a tout un travail à faire sur la compréhension de ce que c'est que le consentement...

  17. Je me suis fait la même réflexion récemment en allant courir au parc juste avant la fermeture, au crépuscule. Il n'y avait presque personne et je me suis surprise à avoir peur, alors que j'ai toujours un peu ri au nez des gens qui me disaient "oh lala, mais tu n'as pas peur de prendre le RER tard comme ça/ de rentrer à pied le soir" etc etc (surtout que j'habite en banlieue parisienne alors les gens se figurent que je vis un danger permanent!!!)
    Et du coup, j'ai quand même fait ma course mais j'étais sur mes gardes et ça m'a beaucoup énervée de m'être laissée un peu bouffer par ça...

  18. tschok ; ce qui nous choque est le "personne de qualité" qui ne nous semble pas une façon particulièrement neutre et objective pour qualifier un homme qu'il accuse de viol.

    • C'est assez déstabilisant, en effet.

      On attend d'un violeur qu'il soit une personne sans qualité. Presque un "misérable", mais le mot est peu employé car il renvoie à l’œuvre de Victor Hugo, trop complexe.

      Dire d'un violeur - enfin, d'une personne accusée de viol - qu'elle est une "personne de qualité" renvoie à "notable" la plupart du temps. Ca, ça parle car le viol commis par le notable sur la personne de la "bonne" ou de la "fille de maison" , ou de la "fille de joie" du bordel du coin correspond à un sujet que la littérature a exploré et que nous sommes donc capables de décrypter en fonction d'un langage commun.

      Mais ce n'est peut être pas cela que l'avocat général a voulu dire.

      J'ignore si vous suivez ou non l'actualité judiciaire du viol, mais disons qu'il se passe la chose suivante: la société civile assimile au viol toute relation sexuelle qui ne fait pas l'objet d'un consentement sain et éclairé de la part des personnes qui s'y livre.

      Autrement dit, la question du consentement à l'acte sexuel se déplace sur le consentement au sens civil du terme. Je veux dire, au sens du droit civil: le consentement valable est un consentement sain (exempt de vice au sens du code civil) et éclairé (informé des conséquences).

      Le problème est que la loi pénale définit le viol autrement: "Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol ».

      Du coup, la justice pénale se retrouve en position d'arbitre de ce que tout un chacun fait avec son cul, y-compris lorsqu'il est bourré.

      Pour les femmes, on y rajoute une donnée tenant à leur vulnérabilité intrinsèque, telle que nous l'enseigne notre bonne vieille culture judéo-chrétienne et que la loi républicaine reproduit avec une sincérité suspecte.

      Après tout, une femme bourrée peut-elle valablement consentir à un acte sexuel? Elle est alcoolisée donc, elle ne sait pas ce qu'elle fait. Comme elle ne sait pas ce qu'elle fait, on va la considérer comme un "incapable majeur" c'est à dire une "personne protégée" présumée par la loi incapable de donner valablement son consentement à un acte qui l'engage irrévocablement (comme un petit vieux qu'on met sous tutelle ou curatelle).

      Bref, une victime potentielle. Comme l'était la femme avant la révolution sexuelle.

      Or, l'acte sexuel est un acte qui, comme le cautionnement ou le contrat de prêt engage irrévocablement. C'est un acte dangereux. La femme, vulnérable, doit en être protégée, tel un grand enfant qui ne sait pas ce qu'il fait de ses attraits.

      Le problème dans l'arbitrage est la sanction qui tombe sur l'homme: 15 ans de réclusion criminel, en tarif de base. Plus l'inscription au casier judiciaire et au FNAEG. Avec éventuellement une obligation de pointage la vie durant.

      Dans ces affaires où des cours d'assises doivent se faire l'arbitre du consentement à l'acte sexuel, au sens civil du terme, il se propage une gène: on se rend bien compte que le viol qu'on veut réprimer par la loi pénale ne porte pas sur la question de savoir si une femme a été trompée ou non (sens civil du terme) mais si elle a subi des violences, menaces, contraintes ou surprise, ce qui correspond à des graduations dans la gravité des faits qui font tout de suite la différence entre le viol et le vice du consentement.

      Je vous explique:

      Une femme couche avec moi car j'ai une belle bagnole, signe d'un statut social prometteur qui lui laisse entrevoir une possibilité d'enrichissement. Arrivé là, je suis un gigolo qui a emprunté sa BM à son beauf.

      Cette femme a été trompée, pas violée.

      Une femme couche avec moi parce que je la menace de dévoiler à son mari, ses enfants, sa famille et ses relations qu'elle est lesbienne et adepte du BDSM le plus hard or, elle ne peut pas le supporter donc elle préfère coucher avec moi plutôt qu'affronter une opprobre publique, largement imaginaire par ailleurs.

      Là, il y a viol. Eh oui.

      Normalement, nos cours d'assises sont juges du second cas, pas du premier. Il se trouve qu'elles deviennent juges de plus en plus du premier, et de moins en moins du second, correctionnalisé la plupart du temps.

      Je m'en navre, mais c'est ainsi.

      Alors, peut être que dans cette affaire le ministère public a exprimé cette gène là. Mais je n'en sais pas plus que vous.

      Toujours est-il que le type a été acquitté et que je ne m'en scandalise pas, vu le compte rendu qui a été fait par le journaliste.

      • Sauf que dans cette histoire, ce monsieur, qui est "un homme bien", a bazardé cette fille dans la rue après le rapport sexuel, la laissant totalement nue. Au milieu de la nuit. Jetée d'une voiture.

        Quant au taureau, quand il est attaché dans l'écurie avec les vaches et que je trais sa voisine, je suis accroupie à côté/dessous. Et c'est juste un exemple.

  19. Sur ce sujet, je tiens à signaler l'existence du livre "Genre, violences et espaces publics. La vulnérabilité des femmes en question" de Marylène Liebert qui est très réussi. Bon, beaucoup d'exemples sont parisiens, ce qui ne sert avant tout que comme étude de cas et le texte est quand même assez académique, reste que si vous avez moyen de mettre la main dessus, ça vaut le coup.

    Par exemple, sur ce fait d'avoir peur alors que l'on a jamais vécu d'agressions, Liebert indique et démontre que de simples faits comme : connaitre quelqu'un qui s'est fait agressé, peut suffire à faire monter la peur. Évidemment, le poids des stéréotypes du genre "ruelle sombre" et compagnie est aussi un ciment de cette. Elle fait une analyse également sur la rue nocturne construite comme environnement anti-femmes. Surtout, elle montre qu'alors que la rue est plus dangereuse pour les hommes, eux ne sont pas enjoints à une quelconque restriction; Tandis qu'on prévient les femmes de la dangerosité urbaine pour les faire rentrer chez elle... là où justement, le nombre d'agression grave est le plus important pour elle (je crois me souvenir que la violence "interne" est la première cause de mortalité pour les femmes de 25-50 ans environ). Ce texte est relativement éclairant et aide à déconstruire pas mal de chose.

  20. Je n'ai pas peur dans la rue (même si déjà agressée) donc je me retrouve pas mal dans ce que tu racontes au début. J'aime me balader la nuit, seule, et ce n'est pas vraiment la peur mais plutôt la colère qui me prend quand on vient me faire des réflexion. Je crois que je préfère cette colère à la peur.
    Par contre, j'ai horreur de me retrouver en voiture avec des inconnus, et sur ce point il n'y a vraiment pas de raisons, je me suis retrouvée à faire du stop mais ça n'a jamais été par plaisir, toujours contrainte, c'est plutôt l'espace clôt qui m'effraye s'il y a des gens. Dehors, je me sens bien.

  21. Moi aussi, en vieillissant (j'ai 26 ans), j'ai bizarrement plus peur qu'avant parfois.
    Pas vraiment sur les trajets courants (le dernier métro jusqu'à chez moi), plus dans les quartiers que je ne connais pas (peu importe le quartier) ou sur les lignes de métro/RER dont je n'ai pas l'habitude.
    C'est peut-être parce qu'effectivement, j'ai entendu au fil des années pas mal de filles raconter des choses qui leur étaient arrivé. Je sais pas. Personnellement, il m'arrive d'être plus souvent emmerdée en journée que le soir. Juste une fois, à Lille, je me dépêchais pour prendre le dernier métro, et quatre mecs m'ont entourée, m'ont bloquée contre un mur et ont voulu me "voler un baiser", comme on dit pudiquement. J'ai fini par discuter et m'en sortir sans trop de souci.
    Les explications féministes autour du viol et notamment le fait de savoir que la plupart des viols n'ont justement pas lieu dans la ruelle obscure ou le parking désert a pourtant contribué à me rassurer; effectivement, j'ai subi une agression sexuelle une fois et c'était dans mon propre lit, par quelqu'un que je connais.
    Du coup, je me dis comme Valérie maintenant: fuck, j'ai peur mais j'y vais, c'est ma ville, ce sont mes rues autant que celle(s) des hommes qui y sont à cette heure.

  22. Ca n'apporte peut-être rien, vu que cet article date,mais voilà, juste une petite chose intéressante : je vis en Russie depuis 4 mois, et, première fois de ma vie, on m'a volé mon portefeuille. Sans agression quelconque, on me l'a pris dans mon sac dans un bus blindé un vendredi matin.

    Matin, donc. Quand j'ai déclaré le vol à la police russe (police près de mon village universitaire, habituée des étrangers, pas la police que j'ai vu plus tard, xénophobe au possible), le policier, 45-50 ans, très gentil, a tenu pendant 10 min à me dire qu'ici, ville très tranquille (Kazan), il fallait faire attention. Ne jamais être seule. JAMAIS. Ni la nuit, ni le jour, toujours être accompagnée D'UN HOMME dans la rue ou dans les transports, parce que c'est dangereux. J'en ai pas cru mes oreilles. Il pensait vraiment à bien, pour lui, une femme ne doit jamais sortir seule pour sa propre sécurité.

    Mais, très franchement, j'avais bien d'autres problèmes que de lui expliquer le pourquoi du comment. Surtout à un russe, leur éducation et leur mentalité est différente, tout ce que je dis, c'est "le reflet de l'avis d'une Française", ils se démarquent, écoutent mais n'y réfléchissent pas un seul instant.

    A côté de ça, en quatre mois, 1 homme m'a abordée dans le métro, 1 dans une boîte (UN FRANCAIS), et 1 dans un bar. Alors que je suis constamment en jupe courte/short. De vraies vacances !

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