Août 212014
 

Je vais vous résumer  Roms & riverains : une politique municipale de la race de Eric Fassin, Carine Fouteau, Serge Guichard et Aurélie Windels. Le livre comporte une part importante de témoignages d'acteurs sociaux et de roms ; il n'était pas possible de les résumer.

Le 29 juillet 2010,des gens du voyage attaquent un commissariat après que l'un d'entre eux ait été tué par la police. Lors du discours de Grenoble, Sarkozy, alors président, assimile roms et gens du voyage. Il y déclare : "nous subissons les conséquences de 50 années d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l'intégration" et s'engage à faire démanteler la moitié des campements illégaux de roms dans les trois mois et à réformer la politique de lutte contre l'immigration illégale.
La réaction dans l'opposition est forte et Manuel Valls condamne fermement ce discours.
Viviane Reding, commissaire européenne, dénoncera en des termes vifs cette politique où est visée, non pas une nationalité, mais une ethnie (on a juridiquement le droit de traiter différemment une nationalité mais pas une ethnie). Ce sera elle qui sera vivement critiquée.

En 2012 François Hollande est devenu président et Valls ministre de l'intérieur. Est décrétée la circulaire interministérielle du 26 août 2012 qui poursuit l'action entamée par le gouvernement précédent.
Le 14 mars 2013, Valls parle des roms en disant qu'ils auraient "vocation" à rentrer en Roumanie. Le candidat aux primaires socialistes de Marseille dira, lui, qu"ils ne peuvent pas s'intégrer, ce n'est pas dans leur nature.
En octobre, Minute fait une Une raciste sur Taubira ; c'est l'occasion d'un grand meeting antiraciste où sont rassemblées toutes les forces de gauche.

On assiste ainsi à un effacement de trois clivages :
- entre la droite et l'extrême-droite en 2010
- entre la droite et la gauche en 2012
- entre l'aile droite et l'aile gauche du gouvernement du 2013

Il est difficile de savoir s'il existe vraiment une communauté rom ; certains anthropologues disent qu'il y aurait une pluralité de groupes. La question est tellement complexe que seuls les anthropologues peuvent en discuter et pas les politiques.

Il est difficile de savoir combien il y a de roms en France. On pense qu'il y a 20 000 personnes arrivés récemment, ceux qui vivent dans les bidonvilles et 400 000 pour la plupart français, installés depuis longtemps. Sur les 20 000 personnes arrivées récemment, il y a des non roms ; on parle donc d'un sous-groupe des roms dans lequel il n'y a pas que des roms.

Le livre parle donc des roms non pas  comme une communauté fondée sur la culture ou l'origine mais comme une minorité caractérisée par l'expérience de la discrimination.

Il existe un processus d'altérisation ; il faut que le groupe qu'on discrimine n'ait rien à voir avec nous.
Les conséquences de la pauvreté et des discriminations (vivre dans des camps, l'insalubrité, la saleté) deviennent des éléments constitutifs d'une culture rom. Ils sont racialisés. On se souvient de ces "anges blonds" soit-disant enlevés qui ne pouvaient être rom,qui seraient tous bruns. Ressortent les vieilles rumeurs des tziganes qui enlèvent les enfants et  mangent des animaux domestiques comme les chats. On assimile souvent les roms aux rats, sans jamais supposer qu'ils peuvent aussi souffrir de cette présence sur leurs bidonvilles. On entend des phrases comme "il a fallu subir les rom puis on a subi les rats".
La saleté supposée des roms est vue comme élément de leur culture voire même de leur nature.
Le fait par exemple qu'ils soient obligés de faire leurs besoins dehors parce qu'ils n'ont pas le choix devient un élément pour les distinguer de nous, qui ne ferions pas comme cela.  Leurs conditions de vie sont décrites comme constitutives à ce qu'ils sont par les mairies comme si elles n'avaient rien à voir là dedans ; ainsi Aubry décrira la saleté des camps roms alors qu'il appartient à sa municipalité de ramasser les ordures.
Il est beaucoup dit qu'ils sont sales et vivent dans les ordures et les rats sans que soit rappelé que les municipalités refusent d'amener de l'eau courante, de construire des toilettes sèches et de ramasser les ordures de peur qu'ils s'installent.

Leur pauvreté, les discriminations subies sont donc vues comme des éléments de leur culture pour les différencier de nous et les racialiser.
Dans les années 90, aux Etats-Unis a été créé le concept d'auto-expulsion ; ils'agissait de rendre la vie tellement dure aux immigrés qu'ils finiraient par partir d'eux-mêmes.
Ainsi les administrations françaises rendent la vie difficile aux roms en espérant qu'ils repartent ; refus de ramasser les déchets, d'inscrire les enfants à l'école, le 115 n'a jamais de place disponible, refus de les inscrire sur des listes électorales, refus d'enregistrer leurs plaintes.

Le livre aborde ensuite le concept de "riverain" apparu dans les années 2000 lorsque Sarkozy,alors ministre de l'intérieur, fait voter la loi de sécurité intérieure qui pénalise, entre autres, le racolage passif. Apparaît alors le "riverain" qui serait dérangé par les prostituées.
A l'opposé du riverain, naît le bobo ; on se met à définir la classe sociale non plus par l'économie mais par la culture.
Le riverain serait celui qui serait incommodé par les roms et le bobo serait un droit de l'hommiste éloigné des réalités du terrain.
On constate qu'en adoptant ce langage et ce discours, le PS s'éloigne de ceux qui l'ont fait élire sans pour autant regagner le vote de l'électorat populaire.

Pour autant, ceux qu'on appelle les riverains ne sont pas toujours à proximité des roms et n'appartiennent pas toujours aux classes populaires. Les voisins, au sens propre du terme, peuvent parfois être très solidaires des roms même si les médias ne nous parlent pas de leurs initiatives.

La politique de la race définit les autres et nous définit nous mêmes. On fantasme un groupe "les petits blancs" ; c'est une manière d'opposer classe et race comme si les classes populaires étaient forcément blanches et comme si les sujets racialisés n'appartenaient forcément pas au peuple. On parlera de "blanchité" (whiteness en anglais) qui définit un champs d'études non pas d'un groupe social mais d'une identité. Aux Etats-Unis les irlandais sont ainsi devenus "blancs" (ils sont rentrés dans le groupe social dominant en quelque sorte) au détriment des noirs. En France, des groupes sociaux encore renvoyés à l'altérité (par exemple les maghrébins et leurs descendants) peuvent accéder à la blanchité aux dépends des roms.
Face aux roms, les immigrés ou descendant d'immigrés peuvent s'affirmer. On dresse les pauvres contre les encore plus pauvres en faisant miroiter aux premiers la promesse des bénéfices de la blanchité au détriment des seconds.

Dés 2009, nous sont montrés des groupes de "riverains" en colère contre les roms et qui montent des expéditions punitives, démontent ou brûlent des camps, frappent les roms ; groupes qui sont souvent menés en sous-main par des groupes identitaires.
Les municipalités disent "les comprendre".
On peut distinguer deux catégories de riverains :
- la classe moyenne qui se sent menacée dans ses biens et son bien-être
- la classe populaire qui n'est jamais écoutée sauf lorsqu'elle évoque les roms. Cela leur permet aussi de se distinguer d'eux en soulignant qu'eux sont pauvres, mais français et propres par exemple.

La colère des riverains permet aux maires de se tisser une clientèle à peu de frais; s'ils ne peuvent rien faire pour l'emploi ou le logement, ils peuvent au moins partager la colère des "riverains" face aux roms et organiser par exemples des expulsions.

Le commissaire divisionnaire Gilles Beretti nuance les statistiques criminelles autour des roms : pour lui ils sont sur-représentés car beaucoup plus arrêtés. Il souligne également qu'il existe peut de familles mafieuses ; peut-être 5 à 8 dans toute l'Ile de France et que les délits commis ne sont pas spécifiques aux roms mais aux pauvres (faire les poubelles et les dégrader, voler des vêtements mis en container etc).
D'autres policiers soulignent que certains profitent de la présence des roms pour commettre des délits, sachant que cela sera les roms qui en seront accusés.

Le livre, après une série de témoignages se termine par "une chronologie du pire entre 2010 et 2013". Je me suis permise de la recopier de façon exhaustive ; je crois qu'il est bon de la garder en mémoire.

2010 :
juillet :

"Chaque année, une dizaine de milliers de migrants en situation irrégulière, dont des Roms, repartent volontairement avec une aide de l'Etat. Et l'année suivante, après avoir quitté le territoire avec une aide de l'Etat, ils reviennent en toute illégalité pour demander une autre aide de l'Etat pour repartir. Cela s'appelle "un abus du droit à la libre circulation".
Nicolas Sarkozy, président de la République

Août :
"Le président de la République a fixé l’objectif précis, le 28 juillet dernier, pour l’évacuation de 300 campements ou implantations illicites d’ici 3 mois, en priorité ceux des Roms" [...] Dans le cadres des objectifs fixés, outre les démantèlements n'impliquant pas de moyens nationaux et menés à bien avec les moyens locaux, les préfets de zone s'assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d'une opération importante par semaine (évacuation/démantèlemement/recuite) concernant prioritairement des roms".
Circulaire du 05 août 2010, signée par le directeur de cabinet du ministre de L'intérieur, Eric Besson.

Septembre :
Un septuagénaire tire sur deux ados roms en train de le cambrioler.
"Quand on voit toutes les petites crapules qu'on met dehors alors qu'elles sont en attente de jugement et qu'elles peuvent recommencer, c'est vraiment un déni de justice et un véritable abus de pouvoir, c'st vraiment scandaleux".
A propos du fait que l'homme ait traité les roms de "sale race"
"Il a eu tort de le dire, il a le droit de le penser"
Lionnel Luca, député UMP des Alpes-Maritimes

En couverture et illustré par l'image d'une petite fille visiblement rom : "Roms, allocations, mensonges... Ce qu'on n'ose pas dire"
Le point 30 septembre 2010.

2011 :
Juillet :

"La délinquance roumaine est une réalité et il faut que nous la combattions".
Claude Guéant, ministre de l'Intérieur.

Septembre
En couverture et illustré par l'image d'ne femme blonde victime d'un arrachage de sac à main sur un quai de métro : "Délinquance : le plan de lutte contre les jeunes roumains".
Le parisien, 12/09/2011

2012 :
Septembre :

"Nous savons que ce sont des minorités très criminogènes, d’une criminalité extrêmement cruelle d’ailleurs, parce qu’elle utilise beaucoup les enfants"
"Il n’y a qu’une seule solution : dissuader la venue de ces personnes et les renvoyer chez elles. Et les problèmes d’intégration, qui sont bien réels, ils doivent être traités dans leurs pays d’origine"
Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur

Après que des riverains ont expulsé des familles roms et mis le feu à leur campement"Je ne le condamne pas, je ne le cautionne pas, mais je le comprends, quand les pouvoirs publics n'interviennent plus".Samia Ghali,maire et sénatrice PS des XVeme et XVIeme arrondissements de Marseille.

2013

Mars :
A propos des villages d'insertion "Cela ne peut concerner qu'une minorité car, hélas, les occupants des campements ne souhaitent pas s'intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu'ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution."
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Avril :
"Quand les roms se mettent quelque part, c'est avéré, après on a une recrudscence des cambriolages."
Samia Ghali, maire et sénatrice PS des XVeme et XVIeme arrondissements de Mareille

Mai :
"Ils ne peuvent vivre qu'en faisant les poubelles, même s'il y en a quelques-uns qui travaillent, ils vivent de rapine."
Jean-François Noyes, conseiller général PS des Bouches-du-Rhône et ancien directeur de cabinet de Jean-Noël Guérini.

Juin :
A propos des 200 roms vivant à Marseille
"Mais c'est 2000 de trop ! Même si c'était dix, c'est encore trop. Ce n'est pas le problème du nombre, c'est le problème de notre capacité à intégrer. Nous n'avons plus de capacité à intégrer. C'est 2000 plus les milliers d'immigrants clandestins ou réguliers qui déferlent sur ce pays. Et tout ça est à intégrer, tout ça est à scolariser, tout ça est à soigner, tout ça est à loger. C'est ça le problème."
"Ces gens bien entendu vivent de rapine et de vol.. Pas de l'air du temps !"
Guy Teissier, député-marie UMP des 9eme et 10eme arrondissements de Marseille

Sur twitter après que des cocktails molotov aient été lancés contre des caravanes
"Bientôt à Marseille #Capelette pour la même action"
Didier Réault, adjoint aumaire UMP de Marseille et conseiller général des Bouches-du-Rhône

Juillet :
"Vous avez quelques soucis" avec des "Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons... odorante [...] Je vous annonce que dans le courant de l'année 2014, il viendra à Nice 50.000 Roms au moins puisqu'à partir du 1er janvier, les 12 millions de Roms qui sont situés en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie auront la possibilité de s'établir dans tous les pays d'Europe. Tout le monde est dans les starting-blocks, exactement comme dans les films du Far-West" retraçant la conquête de l'Ouest américain, c'est à cela que nous allons assister."
Jean-Marie Le Pen, député européen et président d'honneur du Front National

"J'en ai maté d'autres et je vous materai".
Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice

"Comme quoi Hitler n'en a peut-être pas tué assez..."
Gilles Bourdouleix, maire UDI de cholet (Seine-et-Loire)

Août :
En couverture : "Roms, l'overdose. Sondage exclusif. Le ras-le-bol des Français. Assistanat,délinquance... Ce qu'on n'a pas le droit de dire."
Valeurs Actuelles, 22 août 2013

Septembre :
"Si un croisien commet l'irréparable, je le soutiendrai."
Régis Cauche, maire UMP de Croix (Nord)

"Ils n'ont pas toujours les comportements adaptés à nos modes de vie et habitudes semant la crainte et l'exaspération"
Gérard Vignoble maire UDI de Wasquehal (Nord)

"[Manuel Valls] appelle un voyou, un voyou, et non un malheureux enfant, et tout le monde admire l'audace. Il dit que la délinquance venue de Roumanie est un problème, et tout le monde s'émeut, comme les bigotes du XIXeme siècle s'émouvaient devant une jambe dénudée. Les Roms chassés partent l'âme tranquille, ils savent qu'ils reviendront. C'est ce qu'ils ont déjà fait lorsque Sarkozy les a renvoyés. Parmi eux, la délinquance des enfants voleurs se poursuivra tranquillement, même si les arrangeurs de statistiques cherchent à faire croire qu'elle diminue."
Eric Zemmour, chroniqueur sur RTL, au Figaro Magazine et sur i>télé

A cause des Roms, "les français vivent un véritable enfer. [...] Tout cela crée une ambiance qui peut tourner au conflit, voire à la guerre civile."
Marine Le Pen, députée européenne et présidente du Front National

"Lorsqu'on installe des Roms, il y a le crime, il y a la drogue, il y a la prostitution. [...] Je trouve qu'on a trop, dans le passé sans doute, laissé faire les choses, c'est ce qui nous a conduits à des situations qui sont quelquefois extrêmement dangereuses."
Daniel Boisserie, député PS de la Haute-Vienne, maire de Saint-Yrieix-la-Perche

"J'ai l'impression que les Roms harcèlent beaucoup les Parisiens."
Nathalie Kosciusko-Morizet, députée UMP de l'Essonne et candidate à la maitie de Paris

"Les Roms harcèlent les gamins à la sortie de l'école."
Rachida Dati, députée européenne UMP et maire du VIIeme arrondissement de Paris

"Paris ne peut pas être un campement géant."
Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris.

"C'est illusoire de penser qu'on réglera le problème des populations roms à travers uniquement l'insertion. Et donc cela passe par des reconduites à la frontière, cela est passé aussi par la fin de cette aide au retour qui a créé un véritable appel d'air, nous y avons mis fin. [...] Mais ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation. [...] Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie."
Manuel Valls, ministre de l'Intérieur

Octobre :
"Ces gens-là ne peuvent pas s'intégrer, je ne dis pas "ne veulent pas", ils peuvent pas parce que c'est pas dans leur nature."
Christophe masse, conseiller municipal PS de Marseille et conseiller général des Bouches-du-Rhône

Novembre :
Un tweet relaie l'image d'une femme rom pratiquant la mendicité vête d'une jupe de contrefaçon "Givenchy".
Commentaire "'Leonarda de retour en France pour la fashion week".
Natacha Polony, journaliste à Europe 1 et chroniqueuse au Figaro et sur France 2

"Je vous rappelle quand même que les gens du voyage, que dis-je, les Roms, m'ont mis neuf fois le feu ! Neuf fois des départs de feux éteints parle SDIS dont le dernier, ils se le sont mis eux-mêmes. Vous savez ce qu'ils font : ils piquent des câbles électriques et après ils les brûlent pour récupérer le cuivre et ils se sont mis à eux-mêmes le feu dans leurs propres caravanes ! Un gag ! Ce qui est presque dommage, c'est qu'on ait appelé trop tôt les secours ! Non, mais parce que les Roms c'est un cauchemar..."
Luc Jousse, maire UMP de Roquebrune-sur-Argens(Var)

Décembre 
"Il est plus facile aujourd'hui d'enlever une voiture à Paris,ça prend 15 minutes... Vous vous garez sur une livraison, j'en ai fait l'expérience, 15 minutes entre le moment où vous vous garez et le moment où on enlève la voiture. Il peut se passer des mois et des années avant que l'on bouge un mendiant rom qui est là à l'année, tous les matins, qui revient, qui repart. C'est insensé."
Pierre Lellouche, député UMP et conseiller de Paris.

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  8 réponses sur “Résumé de Roms & riverains : une politique municipale de la race”

  1. Je vais vomir. Merci pour l’article.

  2. Merci Valérie.
    Le pire, c'est que ça marche, j'en entends des "gens très bien" dire aujourd'hui "non mais les roms, faut reconnaître que c'est pas possible"...
    J'ai tilté il y a peu que je devais aussi faire gaffe : j'habite désormais Lille, on "sait" qu'il y a pas mal de campements roms. Sur le parking de mon supermarché, 2 types sont là en permanence pour te "proposer" de t'aider à te garer, c'est à dire te désigner une place vide que tu vois très bien toi-même. Puis te demande une pièce. Et tu files en te disant que, sinon, ta voiture aura un pète, ce qui nous amène à la limite du racket. Evidemment ça me choque (peut-être d'autant plus que j'ai vécu ça il y a 15 ans en vivant au Pérou et qu'à l'époque, j'étais bien contente qu'on n'ait pas ça en France...). Sauf que j'ai tilté que l'impression d'obligation de donner, de racket donc, elle est dans notre tête : à ma connaissance, aucune voiture n'a été pété sur ce parking. Et elle est dans notre tête parce que les 2 types ont "l'air rom".
    Donc on a un comportement qui, sans être parfaitement légal, n'est pas délictueux mais qu'on perçoit comme délictueux et gênant par ce qu'on projette nous-mêmes sur ces personnes... On m'a désigné ce groupe comme malintentionné et pan, je tombe dans le panneau.

  3. Vue depuis la Belgique, cette poussée soudaine de haine anti-rom en France a été plus qu'étonnante.

    Quand je demandais à mes amis français ce qui se passait dans leur pays pour que la "question rom" soit d'un seul coup à la une médiatico-politique (alors qu'il n'y avait ni plus ni moins de roms en France qu'avant et que la situation dans les autres pays européens est similaire), aucun ne pouvait me répondre.

    Vraiment étrange.

  4. Salut

    Merci pour ce résumé Valérie .
    La caste politique gère au mieux ses intêrets en distillant le racisme donc la haine .
    Trouver des boucs émissaires n'est en rien le monopole du FHaine . Et puis il faut surtout réaliser l'Etat sécuritaire pour contrôler l’ennemi intérieur .
    On pourra lire à ce sujet l'ouvrage de Mathieu Rigouste
    http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-L_ennemi_interieur-9782707169150.html
    Hier le juif, aujourd'hui le rom.
    La fRance vichyste est de retour, ça ne date pas d'hier et face à elle pas assez de résistants .
    La lepénisation des esprits continue et l'air devient irrespirable.
    Combattre ,toujours se battre !

  5. Année scolaire 2002-2003, mes élèves de 3° rouspétaient contre les roms (moi qui croyais les ados épris de justice) " Ils nous rackettent, ils sont sales, ils préfèrent squatter le parking du supermarché que de s'installer sur l'aire réservée aux gens du voyage... " J'ai pas vérifié, mais peut-être que l'aire était pleine ? Ou pas bien entretenue, histoire de les faire dégager et le parking du supermarché était peut-être plus sain ?
    Ma pire année scolaire en tant que prof. Que des gosses de riches qui essayent d'acheter les bonnes notes à des profs sous payés, au lieu de bosser. Et trouvent encore moyen de se plaindre que la vie est dure, pov'chou.

  6. Je me rappelle ce brocanteur 'rom' en 2011 sur un vide grenier : "En France depuis quatre générations ! Plus que Sarkozy ! C'est une honte, cette polémique de sa part"...
    Quelques phrases m'ont interrogé :
    "Le livre parle donc des roms non pas comme une communauté fondée sur la culture ou l'origine mais comme une minorité caractérisée par l'expérience de la discrimination. Il existe un processus d'altérisation ; il faut que le groupe qu'on discrimine n'ait rien à voir avec nous." Je me rappelle avoir lu un livre d'un ethno-psychologue juif évoquant la posture juive comme symptôme maladif d'une volonté de rester éternellement victime. Je me demande si une discrimination prolongée ne crée pas, n'appelle pas le besoin d'une culture propre, langue et religion propre qui puisse l'expliquer, lui donner même un sens. Ce qui ancre et transmet entre générations la problématique. Mais aucun 'ailleurs' ne la résoudra et n'aura de légitimité. La question juive (et surtout son exploitation -- dans l' 'ultra-maladif' -- par Israël) me posent question (de compréhension !)... Même si la suite de l'article explore bien les faits d'un groupe varié mais victime d'une même discrimination, et du processus de rejet dans le non-nous proche du non-humain. C'est assez étonnant comme une société produit une posture particulière à partir d'un tas de fantasmes. Belges et français sont si proches mais ne conduisent pas l'auto de même façon, ne se disent pas au revoir de la même façon, tant d'attitudes sont aux antipodes ! Et l'attitude des médias de l'hexagone envers Mme Reding, qui ne faisait que rappeler... les droits de l'homme, avait été effectivement odieuse. Et peu contestée !
    Bon, en Belgique, un maire PS a récemment forcé un groupe de roms au départ à coups de décibels d'une sono poussée à fond durant des heures. La direction PS a infligé un léger blâme à ce maire, mais des cadres et militants ont protesté contre cette légèreté.
    2/ LE concept de riverain est ancien (années 1970), notamment aux abords des usines polluantes. Il n'est pas totalement connoté (souvent ces riverains sont des quartiers populaires), et les syndicats reprocheront l'égoïsme des riverains qui menacent le travail... parfois en les traitant (erronément) de bobos. (Aujourd'hui les bobos sont aussi ceux qui profitent des primes aux énergies alternatives, spécialement en Belgique, et cela s'étend à l'électorat vert, considéré comme riche). Ce qui est nouveau, c'est cette extension du concept de riverain à un voisinage de groupe humain et ses pratiques déclarées polluantes. Il y a aussi des riverains des concerts techno clandestins, des banlieues ghettoïsées, etc.
    3/ Effectivement le 'riverain' acquiert à ce moment (en 2000, dit-on) une connotation de "bon groupe", bon "nous", sur une base raciale sans plus aucun jugement social, qu'il n'avait pas auparavant. Et la remarque sur ces groupes d'autres 'blancs' surmontant d'anciennes discriminations est parlante (pauvres irlandais juste bons à manger des patates, pauvres polonais toujours ivres, etc.) : nos "altérisés" sont construits et déconstruits au fil du temps.
    Ce déplacement est frappant. Et la France parait y être happée... comme en 39-40, quand elle mit en camps les étrangers 'suspects'. (Aux USA ce furent tous les "jaunes" qui furent soudain suspects). Je me demande quelle est la cause, quelles sont les conditions d'une telle dérive. Sans quoi la bataille militante contre une marée noire croissante parait dérisoire.
    Merci pour ces articles toujours utiles et instructifs là où il faut.

  7. . J'ai grandi avec des gens du voyage en voisin ami et camarade de classe. (Comme en france on n'a pas le droit de parler d'ethnie les roms ont ete masquees (avec toutes les composantes tziganes rominmichel et autres mais du coup cela recouvre aussi les forains et autres groupes qui se deplacent sans qu'ils soient des roms). Les roms francais depuis des centaines d'annees qui parlent des langues particulieres vivaient en roulotte avaient une culture particiliere notammment vestimentaire alimentaire et musicale. Ils ont aussi des particularites physiques en majorite comme on retrouvera plus de bruns dans le sud de la france et de blond dans le nord pour le reste de la population francaise qui ne sont que le temoignage des mouvements de population et de l'endogamie.
    Il y a encore 20 ans je croisais des camarades de classe mendier dans le metro (sans qu'elles soient pauvres). Alors il y a eu peut-etre une chasse a la mendicite mais c'est vrai que pendant 10 ans on a plus vu beaucoup de roms francais mendier. Ils avaient achete des maisons dans lesquelles ils vivaient l'hiver les enfants plus ou moins scolarises pendant cette periode et partaient l'ete. Du coup ils ont plus ou moins disparu de la vue des gens notamment a l'ouest d'idf donc des medias. Le seul "probleme" etait l'installation des caravanes a gerer par les communes des autres regions - qui sans contrepartie financière devraient leur donner acces a des terrains viabilises. La majorite des gens pensant qu'ils ne devraient pas avoir de statut particulier et payer comme tout le monde surtout que sans travail fixe on se demande comment ils arrivent a se payer des maisons et des voitures de luxe et caravanes. Mais bon du coup pour l'ouest parisien je connais beaucoup de personnes qui sont effarees quand on leur explique qu'il y a bien des roms francais depuus surement plus longtemps qu'eux d'ailleurs.
    Et avec l'entree de la roumanie dans l'ue des roms roumains et bulgares tres pauvres sont arrives. Je vous remets le contexte les babyboomers de la classe moyenne et populaire ont soient grandi a la campagne a marcher une heure a l'aube pour aller a l'ecole ceux d'ile de france ont grandi soient dans les taudis de paris soient dans les bidonvilles a nanterre ou roissy. Les chanceux etaient ceux qui avaient des hlm avec de l'eau courante (construit pour les francais bien avant le regroupement familial des immigres). Donc des gens pauvres tres pauvres et pourtant des bidonvilles impeccables meme sans eau et rammassage des ordures. Donc oui voir des taudis insalubres des enfants mendier pendabt une heure de rer le matib et soir cela leur a fait un choc. Qu'ils aient raison ou tort ils ont quand meme un choc c'est agreable de se voiler la face. De se dire que ca n'existe plus. Et la ca revient. Et que si on regle le probleme de ces 20 000 roms il en viendra 20 000 autres. Qu'on pourra voir des bidonvilles constamment comme avant. Que les trente glorieuses n'etaient qu'une illusion et que leur petit pavillon achete a credit pendant 30 ans n'est plus le reve qu'ils croyaient. Une desillusion. Et avec la roumanie et ses mafias forcement il y a eu ses reseaux mafieux de roumains (non roms) qui se sont installes. Tout se melange rejet de la roumanie et de ses ressortissants. (Des mafieux que leur montre les medias et des roms roumains qu'ils voient, et puis ces caravanes luxueuses c'est pas des roms aussi? Meme si ils sont francais? De quoi ils vivent?sont-ils vraiment francais d'ailleurs? Et l'image du voleur de poule reapparait)

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