Août 272013
 

Je précise que ce billet sera plus participatif qu'autre chose car je n'ai pas d'enfant et n'en aurais pas. Donc si je peux avancer quelques réflexions sur le sujet, vos commentaires de réflexion, partage d'expériences seront plus que les bienvenus !

Dans un billet précédent, Joëlle commentait en disant "Je me souviens il y a quelques temps on a beaucoup parlé d’un article à propos de ce père qui avait mis une jupe pour que son fils ne se sente pas exclu quand il avait envie d’en porter lui aussi pour aller à l’école. Combien d’entre nous auraient ce courage là ? 
Parce que se fondre dans la norme est tellement tellement facile. Le refus de l’ordre établi c’est se distinguer, se mettre dans la différence et peu en sont capables (hélas). Et au delà de ça beaucoup redoutent que ça soit cause de souffrance chez leur enfant à cause de l’exclusion que cela entraîne. 
(par exemple, si ma mère m’a incitée à me défriser les cheveux c’est parce que je me sentais exclue de ce « modèle » de petite fille et que je ressemblais à un garçon. Ce n’étais pas un souhait de sa part, mais une demande qui émanait de moi parce que j’étais malheureuse. Ma mère m’a toujours préférée avec mes cheveux naturels mais elle a vu ma souffrance et cherché un moyen de m’aider).
Donc même en tant que parent « sachant » et averti des conséquences il n’est pas toujours évident de guider ses enfants sur une route épargnée par le diktat du genre."

Nous vivons dans une société où les différences entre les sexes doivent être marquées, où les normes de beauté sont blanches. Notre société est sexiste, homophobe et transphobe (petit aparté ; cette phrase ne souffre d'aucune discussion et je censurerais toute personne qui vient m'emmerder pour m'expliquer que le société n'est pas homophobe ou transphobe. Vous êtes prévenu-e-s).

Partant de là comment faire ?
Le rôle d'un parent est de participer à la socialisation de son enfant ; en clair qu'il puisse vivre dans une société donnée sans en être exclu parce qu'il n'en partage pas les règles. Prenons un exemple ultra basique ; on apprend tous et toutes la propreté (nous avons des lieux dédiés pour les toilettes) et cela participe à un rite de socialisation.
Pour autant comment faire coïncider les aspirations de l'enfant - prenons aspirations au sens très large - avec une société faite de codes sexistes ?

J'ai souvenir il y a quelques années d'un intervenant qui était venu expliquer sa souffrance en tant qu' homme ne rentrant absolument pas dans les schémas traditionnels de la virilité. Il avait été  moqué toute sa vie durant et, avec le recul disait en vouloir profondément à ses parents qui ne l'avaient jamais forcé à adopter des attitudes viriles, à avoir des activités masculines etc. Il disait que si on l'avait forcé enfant à "devenir un homme", alors il aurait eu une vie moins difficile. J'avoue que je n'avais pas su quoi répondre ; d'une part il me semblait difficile de penser qu'aller contre ses aspirations profondes l'aurait rendu heureux, mais de l'autre le rejet systématique qu'il a subi au cours des années était d'évidence très douloureux.

Une autre fois, une femme était venue parler de son fils qui avait la passion du rose et des paillettes. Elle lui avait donc acheté une belle paire de baskets à paillettes qu'il avait mise pour aller à l'école et cela c'était mal passé puisqu'il avait été battu. Elle était venue demander conseil quant à la suite des événements.

J'avoue que je ne sais pas à quel point il faut composer avec une telle société. Je ne savais pas bien quoi répondre à cette mère, dire à son fils qu'il vaut mieux qu'il porte les baskets à la maison ? Lui apprendre à se battre (ouais super..) pour qu'il puisse défendre ses choix (de toutes façons face à une meute comment le pourrait-il ?), lui faire passer le goût de baskets roses ?
Je prends un exemple qui peut paraître anodin mais qui ne l'est pas ; si on en est à agresser un gamin pour des baskets on se doute ce qu'il se passera s'il sort d'une norme blanche, hétérosexuelle et cisgenre.

Que faire face à cela ?

J'ai coutume de dire que le  féminisme a pour but la liberté de chacun et chacune ; c'est à dire la possibilité de faire ce qu'on veut sans être limité par son genre. Mais à quel prix ? Et ce prix à payer en vaut-il toujours le coup ?

Bref à vos claviers.

Share

  68 réponses sur “Eduquer un enfant (Laurence Pernoud tu es là ?) (billet participatif)”

  1. "Je précise que ce billet sera plus participatif qu'autre chose"...
    "je censurerais toute personne qui vient m'emmerder "...
    Du coup j'ai arrêter de lire à partir de là.

  2. Comme me disait un ami :
    "avant d'avoir des enfants, tu as des principes". Faites des gosses et vous viendrez écrire vos billets ensuite.

  3. Rha lala sujet qui pose question tous les jours.

    Il y a les aspirations de l'enfant, il y a ce qu'on croit bon, il y a le reste du monde (hostile, souvent :D). Ma fille aime le rose et Hello Kitty. Elle aime faire sa coquette.

    Ça m'horripile de la voir entrer dans certains schémas (le foncé c'est pour les garçons et le clair pour les filles, genre). Mais ça me fait plaisir pour elle qu'elle se sente à l'aise dans un vêtement qui lui plait.

    Pour ce qui relève du sexisme, j'essaie d'éclairer. De démontrer que non, il n'y a pas des choses réservées aux filles et d'autres aux garçons.

    Mais le poids du reste du monde est lourd. Les enseignantes qu'elle a eues ont été assez pesantes sur les "heures des mamans" (hhhuuuummmmm, et des papas, et des nounous), le quartier est plein d'origines variées avec des traditions plutôt moins féministes que plus, on va dire...

    Et même nous, tous les jours, il faut se questionner sur ce qui nous paraît aller de soi.

    Un travail d'équilibriste en somme...

  4. He bien moi, j'ai lu jusqu'au bout et j'attends avec hate les commentaires : c'est un domaine auquel je ne connais rien mais qui m'interpelle beaucoup. Je suis sure qu'il y aura largement de quoi nourrir ma reflexion.
    Et pour une fois que je degaine le clavier, merci Valerie pour ces articles et ces debats toujours enrichissants. Merci de m'aider a avancer sur le chemin du feminisme.

  5. Très intéressante question, qui me tourmente en tant que parent (comme quoi, on peut ne pas être parent et se poser les bonnes questions et en écrire des billets, quoiqu'en disent les grincheux)

    Ayant un petit garçon de 5 ans, autant dire que ce genre de questionnement est assez courant dans notre vie de tous les jours. Exemple tout bête, mon fils a choisi de lui même sa façon de faire pipi. Il parait que je suis une mauvaise mère de le laisser faire une fois sur deux assis, que c'est pas viril.
    Viril, à 5 ans ? Sérieusement ?
    Autre exemple, vers ses 4 ans, chez Mickey, je l'ai laissé choisir son ballon tout seul. Il a choisi Minnie. Un autre petit garçon du même âge s'est jeté sur lui pour lui signifier que les ballons Minnie "c'était pour les filles".
    Quelqu'un peut me dire comment à 4 ans, on peut avoir un avis aussi tranché sur le fait qu'un ballon rempli d'hélium peut faire de vous un vrai homme ou pas ?

  6. J'ai un fils de 3 ans qui adore que je lui mette du vernis quand je m'en mets. Je le fais sans problème et il est super content. Or, ma famille a trouvé cela étrange. Une fois que je leur ai signalé que c'était pas une couche de vernis sur ses ongles qui allait faire tomber son précieux pénis, on a pu entamer une discussion plus intéressante.

    La rentrée est dans une semaine... Malgré mes convictions, je pense qu'on gardera le vernis à ongles seulement pour la maison et les vacances. Je me trompe peut-être mais je n'arrive pas a faire confiance aux autres enfants, aux parents et au personnel de l'école pour accepter son petit plaisir. Par contre, je ne sais vraiment pas si je dois lui dire la vraie raison, ou bien dire que c'est interdit à l'école...

    Bref merci d'aborder la question, je vais suivre avec attention les prochains coms!

  7. Bref je n'ai pas de réponse non plus à la question... j'espère juste que je réussirai à faire comprendre que les autres n'ont pas forcément toujours raison. Qu'il le comprenne au moins, même si parfois, il vaudra mieux peut être sur le coup faire semblant, je sais pas trop...

  8. Je n'aime pas trop ce que je vais dire, mais p'tete faut il y aller "doucement". Mon fils (3 ans) rêve d'avoir, comme sa sœur, les cheveux long et des barrettes.
    Dejà, par rapport a mon père qui a battu mon frère parce qu'il jouait a la poupée de sa sœur, je lui ai permit bcp plus de possibilité en dehors de son genre. Je lui laisse pousser les cheveux. Mais je ne pense pas le laisser aller a l'école avec des barette dans les cheveux (on verra). Justement pour pas l'exclure.
    Je ne dit que je ne peux pas aller BEAUCOUP plus vite que la société. Je peux juste en faire un peu plus que la moyenne pour pousser la soc dans le bon sens, mais si j'en fait trop, je désocialise mes enfants.
    Bon, globalement, c'est un sujet constant de réflexion, pour moi. Par exemple, dans les discutions (par exemple sur le sexisme), je ne vais pas chercher a convaincre les gens a des idées trop loin des leurs. Je me limite a essayer de les faire avancer un petit peu dans le bon sens. Il faut être clair : c'est parce que je n'ai pas le courage de faire plus. Si un ami a une réflexion sexiste, si je ne le pense pas capable de comprendre en quoi c'est sexiste, je ne vais pas lui faire remarquer. Genre ce WE un couple d'ami faisait moult réflexions sur leur petit garçon (14 mois) turbulent (il ne l'ai pas du tout) fort, volontaire, enfin que des qualité/défaut masculins que cet enfant n'a naturellement pas.
    J'ai rien dit sur leur projection sexiste car je suis sur qu'ils ne comprendraient pas. J'ai juste dit que l'enfant n’était pas turbulent, qu'il était gentil, doux, histoire de leur faire voir leur enfant en dehors de leur grille de lecture.

    Mais j'ai un peu honte de ca, je me dit que si je n'essaie pas, ce n'est pas pres de changer.

  9. Vaste sujet…

    Je pars du principe que la chose la plus importante que les parents doivent inculquer à l’enfant, c’est la confiance en soi et l’estime de soi. Une personne solide, sûr d’elle, qui a grandi dans une grande sécurité affective, pourra puiser suffisamment de ressources en elle pour affronter à peu près tout dans son existence. Y compris vivre selon ses aspirations profondes, sans se conformer aux normes sexistes, homophobes et transphobes de la société.

    Selon moi, pour permettre à un enfant d’acquérir une confiance en soi et une estime de soi, c’est tout un processus où les parents doivent encourager leur enfant, le féliciter, le guider, établir des repères fixes et clairs mais adaptés à son âge et lui laissant suffisamment de liberté. C’est aussi l’éduquer vers l’autonomie, lui permettre de faire ses choix tout en le sécurisant. C’est enfin lui permettre de se développer dans toutes ses dimensions d’humain : dimensions rationnelle, émotionnelle, corporelle, etc.

    Ca, c’est la base.

    Après, lorsque l’enfant est confronté à la société et à un entourage qui critique ses choix, il faut pouvoir le rassurer, le sécuriser et l’encourager à les assumer. J’admire le père dont tu parles qui a soutenu son fils à mettre une jupe. Effectivement, ça demande du courage. Ca demande aux parents eux-mêmes à avoir suffisamment confiance en eux pour affronter une norme sociale sexiste. C’est souvent là que les parents défaillent parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’estime d’eux-mêmes pour affronter le qu’en-dira-t-on en soutenant les choix subversifs de leurs enfants.

    Après, au quotidien, plus concrètement, je pense que les parents doivent donner un maximum de choix à leurs enfants. Et en vue d’une éducation non sexiste, il doivent soutenir plus activement les options anti-sexistes pour compenser le rouleau compresseur de la société. Exemple : donner des voitures et des poupées à son enfant, et encourager plus activement son fils à jouer à la poupée, et sa fille à jouer à la voiture.

  10. Vaste sujet, on pourrait écrire des bouquins entiers. J'ai 2 garçons, encore petits (l'aîné entre en CP). Cela m'évite déjà l'épineux problème "est-ce que j'élève vraiment mon fils comme ma fille" (sachant qu'évidemment on élève chaque enfant un peu différemment en fonction de ses besoins propres, donc à mon avis très difficile de faire la part du sexisme même pour un parent "averti"). Après je constate que la socialisation et en particulier l'école imposent très tôt des normes de genre aux enfants. Mon aîné en particulier a une conscience aiguë de ce qui est pour les garçons et ce qui est pour les filles. J'essaie de lui montrer des contre exemples (aussi bêtes que "Papa a une chemise rose") mais un peu l'impression d'être Sysiphe avec son rocher. Il y a aussi l'exemple du couple parental (ou en tout cas des adultes de la famille, puisqu'il existe bien sûr de nombreuses configurations). Ainsi mon mari déteste être conduit donc c'est toujours lui qui conduit. Même s'il m'arrive d'emmener les enfants seule en voiture, ils n'arrivent bizarrement pas à intégrer le fait que je sais conduire. Donc je dirais que ça me met un peu une pression supplémentaire : être féministe et agir comme telle pour moi mais aussi pour mes enfants (et en même temps je ne vais pas me battre avec mon mari pour conduire alors que je m'en fiche juste pour être parfaitement paritaire).
    Après j'"utilise" aussi mes enfants comme contre-exemples aux stéréotypes de genre (notamment parce qu'ils ne sont ni agités -enfin pour des enfants, hein- ni bagarreurs), auprès d'autres parents et adultes en général.
    Pour ta question finale, valérie, je pense qu'effectivement mes enfants n'ont pas à payer le prix de mes idées. Dans l'idéal je voudrais pouvoir leur montrer ce qui relève du cadre social, auquel on choisit de se conformer ou pas, et de les aider à anticiper les conséquences qui en découlent (évidemment à leur âge c'est encore très abstrait tout ça). Personnellement, je sais qu'adolescente j'aurais très mal vécu que mes parents m'interdisent de m'épiler par exemple. Peut-être auraient-ils pu cependant prendre plus de temps pour m'aider à relativiser l'injonction...

  11. Le coup des baskets roses à paillette. Même si ma fille me suppliait je ne lui achèterai pas! Un copain de primaire avait le rose pour couleur préféré il ne s habillait pas qu en rose (sans paillette) mais il en mettait souvent il se faisait charrié par les garçons de temps en temps mais ça leur passaient rapidement.

    Sinon l enfer c est les autres, la nounou qui dit à ma fille " le ballon c est pour les garçon" , le petit garçon interloqué quand la fille lui dit qu elle est pas une princesse :"t.es un garçon alors ???" , la dessus on n a pas la main, on peut juste essayer de corriger le tir après coup et ne pas oublier que nos enfants ne sont pas forcément les victimes, peuvent aussi être bourreau ça demande aussi un travail d éducation.

  12. Bien que lectrice assidue, c'est la première fois que je commente ici... Surement parce que c'est une question sur laquelle je "bute" très souvent.
    J'ai 3 enfants (1 fille, 2 garçons), j'ai toujours essayé d'éviter les stéréotypes genrés dans leur éducation (par exemple au niveau des jouets: tous ont eu accès aussi bien à des voitures qu'à des poupées par exemple).
    Ma fille s'est très vite tournée vers un univers que l'on qualifie de masculin: du bleu partout où elle pouvait en mettre, le sport et surtout le foot.
    On n'a jamais eu trop de réflexions ou pression de l'entourage mis à part quelques "elle changera", "attendez l'entrée au collège, elle va devenir une vraie fille". Elle est entrée au collège l'année dernière dans une classe à option foot et va continuer cette année bien qu'étant la seule fille.
    Donc la concernant, je trouve que ses choix sont globalement bien acceptés.

    Pour mon fils, c'est tout autre chose 🙁 A l'inverse de sa soeur, lui n'aime pas le sport, les voitures ne l'intéressent pas, etc... Il aime le rose, les paillettes, la déco, le spectacle, il voudrait travailler dans une crèche...des univers que l'on attribue généralement aux filles.
    Moi ça ne m'a jamais posé de problèmes: pourquoi ça me dérangerait qu'il se déguise en princesse? Ma fille se déguise en pirate ou superman sans que ça heurte qui que soit!
    Mais si moi ça ne me gène pas et que je n'y vois rien de bizarre, malheureusement ce n'est pas la même chose pour tout le monde.
    Parce qu'il s'entend bien avec les filles de son âge, n'aime pas le sport, aime chanter, etc...il n'est pas un garçon "normal", il est un homo en devenir, etc (précision:on parle d'un enfant de 8 ans quand même).
    Pour l'instant je crois qu'il ne comprend pas encore certaines allusions ou réflexions mais moi je suis blessée pour lui. J'ai peur du jour où il comprendra et où il se sentira mis à part. Peut-être nous reprochera-t-il ne pas l'avoir élevé de façon plus "conforme" à ce qu'on attend d'un garçon? Quand je regarde les photos et que je tombe sur certaines où il est déguisé en princesse je me demande ce qu'il en pensera plus tard: nous verra-t-il comme des parents qui ont laissé leur enfant "s"humilier" (le mot est fort, je n'en trouve pas d'autre) aux yeux des autres ou comme des parents qui l'ont laissé développer ses goûts et sa personnalité sans l'entrave du genre?
    Je pensais élever mes enfants de façon à ce qu'ils soient ce qu'ils veulent être, je ne pensais pas qu'ils pourraient en souffrir.
    Alors c'est vrai que si je leur dit et répète qu'il n'y a pas de jouets/activités/métiers de fille ou de garçon, je dois avouer qu'il m'est arrivé plusieurs de refuser à mon fils un vêtement ou un accessoire que je jugeais trop féminin (par exemple: ayant les cheveux un peu longs, il m'a souvent demandé de mettre un serre-tête... j'ai toujours refusé).
    Je reconnais tout à fait que c'est schizophrène comme position et je ne sais pas toujours où placer le curseur entre "et alors, si ça lui fait plaisir où est le problème?" et "je ne peux pas le laisser faire ça et le laisser risquer réflexions et moqueries".

    Désolée, j'ai été très longue (et surement pas très constructive) mais c'est vraiment un sujet sur lequel je tatonne beaucoup et je m'interroge.

  13. Luniza, ton témoignage est très intéressant et je suis complétement d'accord. Les filles ont le droit d'être "garçon manqué" mais pour les garçons bcp moins de choses sont tolérées.
    Mon garçon aime bien se déguiser en sorcière et j'avoue que si je le laisse faire, je ne l'ai pas poussé a prendre son déguisement préféré pour la fête de l'école. Le regard des autres peut faire tellement mal. 🙁
    Quelqu'un parlait de la confiance en soit. C'est vrai que c'est la première chose à donner a un enfant, mais le pb, c'est que moi et son père, c'est pas le truc qu'on a le plus en réserve, la confiance en soit ! 🙂

  14. Je lis beaucoup sur les enfants gender creative (cf: le blog d'une mère américaine et son fils gender creative http://raisingmyrainbow.com/).
    J'ai un fils de 4 ans qui aime porter des robes, et j'aimerais tellement être derrière lui dans son école pour qu'il puisse le faire réellement et non pas dans des endroits safes (avec des amis lgbt/queer). Pour cela, il faudrait que je puisse en parler au éducateurs de son école pour qu'uls sachent pourquoi et comment réagir.
    C'est un de mes projets de l'année (construire de la documentation à donner à l'équipe pédagogique). C'est sûr je pourrais lui dire de ne plus mettre de vernis, de barrettes et autres. Mais le message que je lui transmettrai serai : "ce n'est pas les autres/la société le problème, c'est toi, c'est ta faute si tu es rejeté et moqué".
    Bon je ne sais pas si ça aide pour cet article mais ce sujet me parle beaucoup !

  15. Voici mon commentaire de fille "garçon manqué" et qui va très bien aujourd'hui et qui voudrait dire MERCI à ses parents!
    Parce que j'ai grandi dans une famille plutôt ouverte, ou j'ai fait du foot avec mes cousins, ou j'ai failli entrer dans un club de foot, ou j'ai eu des activités masculines pendant très longtemps, ou je ne mettais jamais de jupe (ou bien je la déchirai à un mariage au bout de 10 minutes parce que j'étais calée en haut d'un arbre :))
    Ou j'ai détesté implacablement le rose (avant de me calmer et de l'adopter à partir de mes 20 Ans), ou mon rêve le plu fou serait de voyager dans l'espace, ou à 36 ans je n'ai toujours pas d'enfants (et je le vis bien merci), et ou globalement je suis une adulte plutôt équilibrée, je suis reconnaissante d'avoir pu grandir dans une famille ou les gamins grandissaient dans un environnement cool (et ou on emmerde la bienséance dixit mon papa).
    Parce que je cite mes parents "le principal c'est d'être heureux dans la vie, quelle que soit la voie choisie".

    Voilà, papa, maman, merci <3
    (après j'ai quand même l'impression que c'est plus simple pour une fille d'avoir un comportement masculin que pour un garçon qui aurait un comportement féminin, et ça, je ne me l'explique pas du tout :-/)

  16. Je suis OK avec Marushah : le témoignage de Luniza montre qu'une fille peut plus facilement s'approprier les codes dits masculins plutôt que l'inverse. À mon sens c'est parce que les codes dits féminins sont dévalorisés. Genre : "tu as la chance d'avoir un mâle, tu ne vas tout de même pas en faire une fille!"

    J'ai eu une autre expérience il y a peu, je voulais acheter des sandales pour mon fils. Pour le moment il n'a pas de préférences vestimentaires donc je m'occupe du choix. J'aviserai une paire neutre en cuir marron et je demande sa taille a la vendeuse. Elle revient avec une paire qui n'a rien a voir, rouge et noir, et me dit que c'est la version garçon. J'ai été obligée d'insister pour qu'elle me ramène la version "fille".

    J'ai trouvé son initiative tellement ridicule... Et puis je me suis demandée s'il y avait des parents qui auraient changé d'avis du coup en découvrant une c'était la "version fille"

    Je pense tout de même comme Poule pondeuse que les enfants ne doivent pas payer le prix de nos convictions. Nous leur transmettons les valeurs auxquelles nous croyons, à eux une fois grandis de faire leur choix. Il y a aussi une grande différence à mon sens entre la latitude que l'on peut leur laisser dans la sphère privée (en gros à la maison et même je pense famille et amis si possible) et dans la sphère sociale de l'école et des loisirs.

  17. larcenette, une fille "garcon manqué", ca pose pas bcp de pb. Pour moi, le seul pb a éduquer a ma fille c'est de lutter contre le sexisme ambiant (plus fort que dans ma jeunesse des année 70-80, je trouve) et de lui faire comprendre que le classement "pour fille" / "pour garçon" est une idiotie qui la limite inutilement.
    Par contre, l'éducation d'un garçon, c'est bcp plus complexe.
    1/ il a des privilèges en tant que garçon et il doit en prendre conscience (on lui associe sans le connaitre des qualité positive, alors que c'est l'inverse pour sa soeur, on lui laisse plus la parole etc.).
    2/ Il a lui-même des tonnes d'interdits genrés et ces interdit son bien plus fort que ceux des filles. Une filles qui met pas de jupes, c'est une "garçon manqué" ce qui est vu plutôt positivement par tous. Un garçon qui met des robes, c'est un PD, même a 6 ans. Que faire du coup si ton môme veut mettre une robe ? Lui laisser faire au risque qu'il soit traumatisé par les regards des autres ou lui interdire, ce qui va a l'encontre de mes convictions ?

  18. Marushah: la confiance en soi c'est pas ce qui me caractérise le mieux non plus 😀

    Ah la fameuse fête de l'école...ça me rappelle une anecdote quand mon fils était en maternelle.
    Un peu avant le jour de la fête, je croise l'ATSEM (on est un tout petit village, tout le monde se connait), on papote et elle me dit "oh bah dis donc, ton fils a absolument voulu peindre son chapeau du spectacle en rose, impossible de l'en faire démordre!" et moi, croyant qu'il n'avait pas respecté la consigne:"ah bon? Bah de quelle couleur il devait être?" "Ah mais n'importe, ils choisissaient mais tous les autres garçons ont pris bleu ou vert! ce sont les filles qui l'ont fait en rose!" "Ah bon! ah mais c'est pas grave alors?" "heu...bah...non..." (ce jour là j'ai été embêtée que l'on ait cherché à le dissuader de prendre du rose et heureuse que du haut de ses 4 ans il ait insisté et su imposer son choix).

  19. Alors en vrac

    dans le cas du garçon à paillettes, ou similaire, je crois que l 'on peut lui expliquer nous on ne voit pas de problème à les mettre mais que la société, ses copains ne penseront pas la même chose, qu'elle estime que le rose à paillettes c'est pour les filles. Donc que l'on est OK pour qu'il porte ces baskets mais qu'il risque de se faire moquer... Après selon l'âge on peut le laisser choisir de porter ou non ces chaussures et de voir s'il peut supporter ce qui se passe. On peut lui expliquer que il peut porter des robes à la maison qu'on trouve ça sans problème, que l'on pense que ces histoires de c'est pas pour les garçons idiots mais que le monde extérieur existe et que donc il ne portera pas ces vêtements dehors, car en tant que parent on est là pour le protéger, c'est notre job.

    Si l'enfant choisit de porter des vêtements classés comme féminins je pense qu'il incombe aux parents d'en discuter avec l'équipe éducative déjà pour que celle-ci ne fasse pas de réflexions idiotes, mais aussi pour qu'elle s'assure qu'il ne se fasse pas taper dessus en récréation et que les éventuels agresseurs soient sanctionnés. En plus c'est une bonne occasion pédagogique à mon avis de faire une leçon de tolérance en situation réelle.

    Sinon pour l'homme qui se plaint d'avoir été moqué toute sa vie durant et aurait souhaité être "corrigé" du genre. je crois qu'il se trompe, à lui d'assumer qui il est, il aurait tout autant souffert d'avoir été brimé. Parfois les parents ont bon dos, a lui comme à nous tous de faire avec ce qui nous a été légué et ce que nous sommes, sauf cas de maltraitance bien sur.

    En tant qu'ex garçon manqué, je suis bien contente que l'on ne m'ait pas forcée à rentrer dans les cases. Mais le dénigrement du féminin étant ce qu'il est, ils évident qu'il est nettement moins stigmatisant d'être une petite fille en salopette et cheveux courts qu'un gamin en jupe et barrettes

  20. Ah, c'est très très compliqué comme question. Je peux me reconnaitre un peu dans le cas de l'intervenant dont tu parles, même si le cheminement a été un peu différent : jusqu'au lycée, j'ai été très exclue, moquée et humiliée, et j'en ai énormément souffert. Mais de fait, étant exclue, je ne me suis pas construite dans des stéréotypes genrés (et mes parents ne m'y ont pas poussée). Ca a été une période extrêmement dure ; d'un autre côté, j'ai grandi relativement libre de stéréotypes.

    Cela dit, c'est très violent et j'aurai certainement tendance à chercher un "juste milieu" avec mes enfants.
    On ne peut pas empêcher nos enfants d'être confrontés aux stéréotypes véhiculés par la société, surtout quand ils arrivent à l'école et que la robe de princesse devient l'uniforme pour les petites filles. Par contre, on peut les soutenir dans ce qu'ils sont, leur ouvrir l'esprit, les rassurer sur leur identité et leur droit à être qui ils sont (tension qui peut être ressentie, par ex pour une fille qui n'aime pas les princesses...), leur donner le choix...

  21. "Il y a aussi une grande différence à mon sens entre la latitude que l'on peut leur laisser dans la sphère privée (en gros à la maison et même je pense famille et amis si possible) et dans la sphère sociale de l'école et des loisirs."

    Tout à fait d'accord!

    Par exemple, je me souviens que dès sa naissance je mettais à mon fils des bodies que j'avais conservés de sa soeur et dans le tas il y en avait des roses ou avec des motifs "féminins". A la maison ça ne m'a jamais posé de problème, par contre il était impensable que je lui mette pour la crèche (alors qu'à l'inverse il est déjà revenu de la crèche avec des sous-vetements "de fille" suite à un petit accident)

  22. Je crois que le truc c'est que l'éducation des enfants, ça passe par la confrontatation (des parents) avec les institutions (scolaire en premier lieu). Elever ses enfants sans sexisme, laisser les garçon porter du vernis et du rose etc, c'est possible je pense seulement si on a le temps/courage/les codes pour se confronter aux autres adultes chargés de l'éducation. Aller hurler dans le bureau des cpe parce que son fils se fait "traiter" de pd, menacer, batailler, expliquer calmement, exiger que la nourrice ne dise pas à tes enfants "ça c'est pour les filles/les garçons". C'est là que ça devient un vrai combat que tout le monde ne peut pas mener je pense.

  23. " je pense seulement si on a le temps/courage/les codes pour se confronter aux autres adultes chargés de l’éducation."
    je pense aussi que les parents vont se dire que c'est un bien lourd prix que va payer leur enfant. beaucoup doivent se dire "ca n'est que du vernis, qu'une robe je peux bien lui dire de ne pas porter à l'école" alors qu'on sait tous que cela n'est pas * que * du vernis ou une robe sinon on n'aurait pas une bande d'ânes qui terrorise tout le monde depuis des mois avec la "théorie du genre".
    je comprends parfaitement qu'on n'ait pas envie qu'un enfant porte une cause qui le dépasse et en souffre et qu'on considère qu'il suffira moins à ne pas porter de vernis qu'à se faire péter la figure à l'école.
    bref je suis normande sur ce coup là à être incapable de prendre position.

  24. je comprends tout à fait aussi qu'on n'ai pas envie de faire subir ça à ses enfants hein. Simplement ça aussi c'est un choix, tu les fais grandir avec des codes normatifs en terme de genre et de sexualité, quitte à ce qu'ils/elles en payent le prix plus tard (Je suis une fille qui parle assez fort et très vite, je défend mes opinions/convictions becs et ongles depuis l'adolescence, grosses tendance à m’énerver et serrer les poings et rien que ça c'est pas tous les jours faciles, je suis souvent traité de chieuse gueularde etc., alors j'imagine pas à quel point ça doit difficile quand on dépasse plus du cadre).
    Y a toujours un prix à payer en fait. C'est pour ça que je veux pas d'enfant haha (oui, toute normande que je suis, j'ai réussi à prendre une décision huhu) (sans chauvinisme aucun, ça m'a fait rire ta référence à la normandie, c'est quand même un bien agaçant constat au quotidien)

  25. Ma femme et moi-même sont vegans, mon fils de 20 mois aussi, donc nous savons déjà qu'il sera différent des autres tout simplement parce que nous ne sommes déjà pas des parents comme les autres. En plus de notre régime alimentaire, on a pris en effet la totalité du pack parents hippie/bobo, avec éducation non violente (quand je lève la main sur mon gosse, c'est pour lui faire des high five), communication bienveillante, cododo, pas de « laisser pleurer », alimentation dirigée par l'enfant, etc... On ressemble à rien, en plus.
    C'est triste à dire : on sera toujours à ses côtés pour le soutenir et lui donner les armes (au sens figuré évidemment) pour qu'il se défende et qu'il en souffre le moins possible, mais on sait qu'il va en chier. Mais nous pensons que les valeurs que nous défendons en valent la peine. Et nous lui apporterons notre grande expérience en matière de confrontation à une société dans laquelle on ne se reconnaît majoritairement pas, et réciproquement.
    Du coup (et pour me rapprocher un peu plus de ton sujet), on s'est dit que le reste des valeurs que nous voulons lui transmettre, c'était du détail. Un ami a eu des faux jumeaux garçon/fille qui ont un an de plus que mon fils et à sa naissance, il m'a donné un grand sac de vêtements. Il y en a une grande majorité d'unisexe, quelques trucs de garçon (genre salopette en jean's) et d'autres de filles, et il porte tout. A cet âge-là, les autres enfants ne sont pas un problème, ils s'en foutent bien mais on sent déjà la pression des autres parents, surtout qu'on lui a jamais coupé les cheveux non plus (et qu'on lui met des barrettes pour qu'il y voit quelque chose). La majorité d'entre eux pense que c'est une fille, on les corrige systématiquement, et on voit bien la totale incompréhension dans leurs yeux quand ils se rendent compte qu'ils ont devant eux un petit garçon avec un survêtement rose. En plus on n'a pas fait exprès mais il a un prénom unisexe aussi.
    Pour l'instant, c'est plus marquant au niveau des jouets en fait : comme on le fera quand il voudra choisir ses vêtements, on suit ses désirs et on achète ce que vers quoi il va. Par exemple, il est pour l'instant dans une phase où il adore faire semblant de manger, on va donc lui acheter dès ce week-end une dînette et une mini-cuisine. Et quand on va au square, il emmène de temps en temps sa mini-poussette et son poupon. Le square est un oasis communiste, tous les gamins jouent avec tous les jouets. Mais il est très rare qu'un garçon joue avec la poussette et le poupon de mon fils parce que les parents interviennent (père ou mère) en disant, et je l'ai entendu des dizaines de fois, « c'est pour les filles ». A ce sujet, cette citation me plaît beaucoup : « How to tell if a toy is for boys or girls : do you operate the toy with your genitalia ? Yes : this toy is not for children. No : it is for either girls or boys ».

  26. Je pense que tu ne seras pas d'accord avec ça, Valérie, mais bon je fais un peu de retour de mon expérience (dont je n'ai pas prétention qu'elle soit une référence, j'en suis bien conscient !).

    Sur le côté "baston", faute de pouvoir raisonner à l'école (primaire et collège, où les phénomènes de groupes sont juste hallucinants comme vous vous en souvenez probablement tous), ça a été la solution pour stoper les brimades en tous genre.
    J'étais étranger une fois, ne jouait pas assez au foot au gout de certains une autre fois, persistait à garder une bague de famille au doigt (alerte homophobie) et dans tous ces cas-là, je m'en suis sorti à coup de poings dans les chicots ; la majeure partie du temps en défense totale, une seule fois c'est moi qui ait engagé les hostilité.
    C'est pas une "belle" solution, ce n'est pas quelque chose que je conseillerais à ma fille (pas rapport à son sexe, il se trouve juste que je suis papa d'une fille), mais si j'avais "cafté" je doute fort que j'y aurais gagné de la tranquillité et là, faute de pouvoir débattre intelligemment, les parasites me laissaient vivre ma vie comme je l'entendais, sûrement pas de bon coeur mais parce qu'ils savaient ce qui les attendaient...

    Pour rebondir plus concrètement sur ta phrase, clairement je n'inciterais pas mon enfant à coller des bourre-pifs pour se faire accepter, mais je sais que je compte faire faire un brin d'arts martiaux à ma fille, le temps qu'elle décide ce qu'elle veut faire comme activités extra-scolaires et pour lui apprendre à se défendre si la situation devait se présenter. (Accessoirement parce que ça développe une bonne maîtrise de son corps chez les petits.)

    En espérant pas avoir été trop décousu... >_<

  27. @L0una42 : juste pour rebondir, j'ai 30, je fais pipi assis de mon propre chef depuis mon adolescence et je me sens pas moins viril. (J'ai moins de nettoyage à faire dans ma salle de bain, par contre, win win ! :D)

  28. yorgl ; ah c'est pas que je suis pas d'accord, j'ai plutôt tendance à l'être sauf que je pense que c'est une erreur. quid des gamins qui sont non violents ? quid des gamins handicapés/pas costauds etc qui ne pourraient se défendre ? quid du gamin qui a peur de taper et d'être tapé ? faut il le forcer à apprendre à se battre ? (vraie question hein).
    une amie a un fils dont ce n'est pas le truc. il sait pas faire. et il s'en prend plein la figure.
    donc à la fois je suis d'accord avec toi et de l'autre je me demande si ca ne pousse pas à se dire "ok bon la société est violente on fait avec et on se demmerde pour que le gamins soit le plus fort".

  29. Je suis un hétéro (sans enfants). Petit, je jouais beaucoup à la poupée, à la dinette, au ménage, jusqu'à ce que mes parents cessent de suivre mes listes de Noël et m'achètent des Lego. J'ai adoré les Lego, mais je regrette un peu aujourd'hui, je leur en veux presque. A l'école, au collège et surtout au lycée (cheveux longs) je me faisais souvent traiter de PD, sans trop en souffrir (j'ai mis un poing dans la figure d'un des plus pénibles).

    Mais du coup aujourd'hui, entendre des parents qui interdisent à leurs enfants des serre-têtes ou du vernis, ça me fait frémir de colère. Pas contre les parents, mais contre cette peur qui nous paralyse. Je pense vraiment qu'on ne rend service à personne, ni à ses enfants, ni aux autres enfants, ni à soi-même, en se censurant face à la terreur molle du sexisme, plutôt qu'en affirmant simplement, en acte, le droit d'être la personne qu'on veut. J'imagine qu'on ne rend pas service à ses enfants, parce qu'ils perdent une occasion de connaître l'ivresse du courage et de l'affirmation de soi, et qu'on ne rend pas service aux enfants des autres, qui souffrent sans doute de censures similaires, et qui se rabattront sur la joie triste de la domination confirmée.

    Mais je n'ai pas d'enfants. Si je deviens père, je mangerai sans doute mon chapeau. Ca doit être terrifiant, d'envoyer son enfant dans la fosse aux lions.

  30. Mon hom aussi fait pipi assi (c'est le seul moyen de lire une BD en même temps) et le premier qui me dit qu'il est pas un homme, je lui casse la gueule !!! 😀

    Le collège... C'est ma hantise, ca. C'est juste trop violent le collège pour les "différents". Je me demande si je ne vais pas leur payer une école genre Montessori, avec l'espoir d'y trouvé des mômes aussi éduqué dans la tolérance. Ca coute un bras et a petit coté "entre soi", mais le collège, quoi !

  31. Je ne peux m'empecher de penser que tout ça est d'une violence et d'une bêtise... (je veux dire de se référer comme ça à des schémas et d'en faire quasiment une religion). Je ne comrpends toujours pas (mais vraiment hein) qu'il y ait encore autant de gens pour penser des inepties du genre "un garcon ca aime pas le rose, ca fait homo si ca pleure" ou ché pas quoi. Le tout empreint d'homophobie... nan mais les gens se rendent il seulement compte ?? Comment on fait évoluer le monde s on donne pas les clé à nos enfants, si on commence pas déjà par nous mêmes quoi...

    J'ai été très très touchée par certains commentaires de parents (de mère surtout, CQFD? 🙂 non j'enfoncerai pas le couteau, désolée). Je me dis que si je n'ai pas d'enfants c'est en partie pour cette raison. Pour cette responsabilité que je trouve très lourde (de mon point de vue :)). Je me dis que si j'avais une fille qui aime le foot ou un garcon qui aime la danse classique et qu'ils se faisaient insulter pour ça, je ne pourrai m'empecher d'aller insulter tous les idiots.... Donc mieux vaut que j'ai pas d'enfants 🙂

    Je suis très admirative des gens qui se frottent néanmoins quand meme à la parentalité avec des valeurs anti sexistes et féministes. je pense que c'est comme toute autre forme de discrimination : on ira sans difficulté expliquer à son enfant qu'on ne doit pas traiter différemment des gens pour leur couleur de peau, on peut peut être tout aussi bien leur expliquer le genre et les assignations de genre et comment ça fonctionne dans le monde pour leur donner les clés de compréhension.

    Et la confiance en eux, en soi.... je ne sais plus qui a dit ça en commentaire : mais ça me semble hyper intelligent. En effet. Avec la confiance on peut faire pleins de choses...

  32. "(...) sa souffrance en tant qu'homme ne rentrant absolument pas dans les schémas traditionnels de la virilité. Il avait été moqué toute sa vie durant et, avec le recul disait en vouloir profondément à ses parents qui ne l'avaient jamais forcé à adopter des attitudes viriles, à avoir des activités masculines etc."

    Je ne peux pas parler en tant que parent mais je me suis retrouvé dans cette phrase là. Je suis passé par cette étape là, j'en ai voulu à mes parents de ne pas m'avoir plus poussé vers les normes, de ne pas savoir comment me défendre face aux réactions des autres (physiquement et oralement, je ne sais toujours pas me battre et ne le souhaite pas).

    Du coup je vais partager mon expérience d'enfant élevé par des parents qui ne m'ont pas poussé dans la même direction que les institutions et m'ont laissé faire mes choix.

    Je suis un homme mais je ne me suis jamais complètement retrouvé dans les stéréotypes masculins et me suis fait souvent brimé par les autres à cause de ça. A la récré, je jouais avec les filles parce que les garçons jouaient au foot. J'ai fait de l'équitation (sport souvent associé aux filles) parce que je ne prenais pas de plaisir dans les sports collectifs non-mixtes.

    Et pour autant j'étais pas attiré non plus vers les stéréotypes féminins (comme je vois dans les commentaires : aimer le rose, porter des robes, etc.).

    Du coup le cul entre deux chaises je ne suis pas dans la norme et ça n'a jamais plu aux autres.

    J'ai mis quelque temps à comprendre que ce n'était ni de ma faute ni de celle de mes parents. Que quoi que je fasse, si je ne rentrais pas dans la norme certains me le reprocheraient. Même si je restais en retrait, que je faisais tout pour ne pas me faire remarquer. J'ai eu de la chance de me faire des amis à la fin du lycée / début des études post-bac qui en avaient rien à faire, voire qui me défendaient pour certains.

    Avec du recul, aujourd'hui à presque 24 ans, je sais pas comment je re-ferais mon enfance ou ce qu'auraient dû faire mes parents. Je ne sais pas non plus comment j'éduquerais mes futurs enfants. En tout cas je pense que je n'aurais pas pu être heureux en me conformant à la norme.

    J'ai toujours quelques difficultés à me mettre en avant, mais au moins j'assume plus facilement mes particularités, norme ou pas norme.

    Je ne sais pas si ma participation apporte à la discussion, mais je voulais donner ma propre expérience vis-à-vis de la phrase que j'ai cité.

  33. Tout à fait Valérie, je suis conscient que mon expérience n'est en rien une norme, et j'ai la chance d'avoir un physique m'ayant permis de me battre à 5vs1 au collège. Et puis on peut décemment pas inciter son enfant à être violent, de toutes façons.

    Et bien d'accord avec ta conclusion.
    En fait la bonne formule qui convient, je crois, pour mon post c'est "ça n'est pas une solution viable globalement mais ça m'a permis de vivre mon enfance/adolescence sans trop de pression".

    Le gros souci avec tout ça, c'est que l'environnement des enfants (en particulier le collège) est extrêmement prompt aux préjugés et phénomènes de groupes, et le débat et la raison en sont quasi-totalement absent.
    (Quand un gamin est raillé par un certain nombre de camarades, IMPOSSIBLE pour lui de se défendre ou de se justifier.)

  34. @Djorak : merci pour ton commentaire. Je suis pour ma part ue femme et j'ai vécu la même chose à l'inverse. je n'aimais pas ce qu'on me proposait pour le filles, sans me sentir tout à fait non plus des trucs de garçons (d'autant que de touts façons je n'y étais pas franchement acceptée)

    Je ne sais pas non plus comment aurait du/pu faire mes parents. Je pense que de n'avoir jamais cherché à me changer est de leur part déjà un bon job j'ai envie de dire 🙂

  35. Il ne s'agit pas de "faire porter à l'enfant une cause qui le dépasse", il s'agit de transmettre des valeurs.

    Derrière la question du vernis à ongle ou des paillettes qui pourrait sembler futile, il s'agit de défendre des valeurs d'égalité entre homme et femme et de remise en question d'assignation des humains à un genre. Le rôle des parents, c'est précisément de transmettre des valeurs.

    Donc expliquer les choses à leurs enfants. Expliquer pourquoi son garçon a bien le droit de porter du vernis. Expliquer pourquoi ses copains à l'école ont tort de le critiquer. Expliquer qu'en tant que parent, on est là pour le soutenir. C'est comme ça qu'on lui donne confiance en lui. Si au contraire, on veut le "protéger" des autres en lui enlevant son vernis, sans vraiment le lui expliquer, on lui envoie des messages contradictoires (pourquoi à la maison je peux et pas à l'école ? pourquoi je peux faire les choses uniquement en me cachant) et on le rend beaucoup plus vulnérable.

    Dès qu'on devient parent, on est confronté au jugement de la société (des grands-parents, de l'entourage, etc). Surtout si on veut donner une éducation alternative (cododo, portage, pas laisser pleurer, etc). Soit on suit bêtement l'entourage (qui aura des avis contradictoire) et on vit mal les choses, soit on suit son propre instinct et ses propres valeurs en les assumant jusqu'au bout. J'ai clairement choisi la 2ème option pour mon fils.

  36. Quand je repense a cette histoire de garçon s'essayant a porter des robes, ca me parait même pas un "penchant vers des valeurs féminines", mais juste un truc complétement normal : Un enfant, ca découvre, ca test. Sans injonction sociale, il va vouloir "naturellement" essayer une robe, jouer a se déguiser en fille. Seule les garçons ayant déjà intériorisé l'interdit ne le font pas.
    Que nos société voit ca comme une perversion, ca me gave, sérieux !

  37. @celina :
    Oui, j'aurais pas fait mieux à leur place, je pense. Ce que j'ai fini par apprendre par moi-même c'est que je n'ai pas besoin d'être accepté par tout le monde.
    Ce n'est pas tout le temps facile à appliquer comme principe (voire même difficile des fois pour moi), mais me rendre compte que c'est possible m'a beaucoup aidé.
    Je pense que c'est ça que je partagerais avec mes futurs enfants.

  38. MM ; je suis d'accord avec toi. Quand je parle de "cause qui le dépasse" je veux dire la chose suivante. Un enfant garçon peut aimer le rose, le vernis ou les robes car il trouve ca joli. point. il n'a pas forcément conscience que dans nos sociétés c'est réservé à un genre. il n'a pas conscience forcément qu'il fait un acte très transgressif quand il en porte ; voilà pourquoi c'est un sujet "qui le dépasse".
    Cela ne veut pas dire que je conseillerais à qui que ce soit d'enlever le vernis.
    Juste je ne me sens pas légitime sans avoir d'enfant à dire à celles et ceux qui ont des interrogations "vas y pas de pb laisse le porter son vernis/sa robe/ses baskets roses à l'école".
    je sais ce que ca peut être d'être bouc émissaire (je l'ai été six mois en 4eme) et je juge aussi à partir de ce prisme là 🙂

  39. "une amie a un fils dont ce n'est pas le truc. il sait pas faire. et il s'en prend plein la figure."

    Pour avoir été enseignante sportive dans une structure, je suis persuadée que ce n'est pas aux enfants de se batte mais aux éducateurs de poser l'interdit absolu de la violence et de le faire respecter en intervenant systématiquement dès le début d'une bagarre. je précise que c'est tout à fait possible (au primaire, le collège est peut-être + compliqué) et que je trouve bizarre des instits qui ne voient pas ce qui se passe dans leur micro cour d'école. je précise aussi que les petites terreurs ça se repère très vite et du coup ça se surveille tout particulièrement, de même pour ceux qu'on identifie vite comme pouvant être des victimes potentielles.
    mais pour celà il faudrait que le corps enseignant soi dans sa totalité persuadé que l'on ne doit pas conseiller à un môme de ne pas se faire marche sur les pieds.

  40. Valérie: "Juste je ne me sens pas légitime sans avoir d'enfant à dire à celles et ceux qui ont des interrogations "vas y pas de pb laisse le porter son vernis/sa robe/ses baskets roses à l'école"."

    Je comprends ton soucis. Mais pour moi, on peut le laisser porter son vernis, et s'il rentre à la maison en se plaignant de moqueries ou de brimades, il faut lui parler. C'est l'occasion de lui expliquer les bases du sexisme. Lui dire que moi je n'ai pas de problème par rapport à son vernis, mais que dans la société, il y a des gens moins intelligents et moins instruits qui considèrent que c'est un "truc de fille", et qu'en tant que garçon, il ne peut pas "s'abaisser à un truc de fille". Je lui expliquerais que les filles et les garçons ont la même valeur et qu'ils doivent être libres de choisir ce qui leur convient le mieux. Et franchement, pour avoir été instit dans une vie antérieure, j'ai souvent été étonnée de voir à quelle vitesse un enfant bien informé retournait les arguments à ses camarades et les faisaient changer d'avis. Pour moi, le pire est précisément de ne rien dire et d'enlever le vernis par facilité.

  41. Mwana Muke : ton point de vue est intéressant, j'y réfléchis.

    Je me demande justement si déjà à trois ans un petit garçon peut se faire emmerder par les autres pour une histoire de vernis...

  42. Si déjà on apprenait à nos enfants la tolérance. Juste leur dire qu'on peut être différent.
    La peur de l'être différent, vient des parents.
    Les phobies ne sont pas naturelles.

  43. Origami, je pense qu'à trois ans, c'est en effet un peu tôt pour les moqueries sur ce sujet. C'est plus par rapport aux adultes. Mais là, c'est aux parents à assumer leurs valeurs face à d'autres adultes. Mais dans ce cas-ci, il ne s'agit pas non plus de faire porter par son enfant des choses qui le dépasse.

    Mon fils de 1 an porte parfois du rose, parce qu'il porte des vêtements de toutes les couleurs. Quand on me demande pourquoi je mets du rose à mon fils, je réponds "parce que c'est joli, non ?". Soit la discussion prend fin. Soit elle continue et c'est l'occasion d'affirmer des valeurs anti-sexistes.

    Pareil à la crèche, l'autre jour je récupère mon fils sans chaussettes. Je réclame ses chaussettes à l'assistante maternelle qui se met à les chercher partout. Elle me demande à quoi elles ressemblent. Moi : "des petites chaussettes roses, avec des petits pois". Juste normal. Pas d'insistance particulière. Elle a fini par les retrouver (elle a probablement cru qu'elles ne lui appartenaient pas vu qu'elles étaient roses).

  44. La discussion a beaucoup porté (à raison) sur comment aider un enfant qui fait des choix atypiques, mais je me pose aussi la question inverse : comment aider un enfant trop conforme au cadre à élargir ses idées ? je suis triste de constater à quel point mon aîné se fond dans le moule pour certaines choses (sans qu'il ne paraisse en souffrir d'ailleurs). Mais d'un autre côté pourquoi lui donner les bâtons pour se faire battre ? Encore une fois pas de réponse tranchée...

  45. Je suis d'accord, La poule pondeuse. Ma fille est très rose/princesse/truc à fille. J'ai tendance a la pousser dans le sens inverse, pour la libérer des stéréotype, mais j'ai l'impression du coup de la restreindre dans l'autre sens et ça m'agace.

  46. Pour moi c'est un sujet de questionnement quotidien depuis la naissance de ma fille. Je me souviens avoir eu, il y a près de 2 ans, une discussion avec Crêpe Georgette au sujet des vêtements roses sur twitter. À l'époque je n'étais pas d'accord avec toi, je trouvais que tu allais trop loin. Ayant été élevée un peu à la garçonne dans une famille de mecs bien macho et bien tradi, j'ai envié toute mon enfance les petites filles qu'on habillait en princesses, qui avaient des barbies, des paillettes, du rose, etc. J'ai donc été ravie, dans un premier temps, d'acheter des petits pyjamas roses pour mon bébé. Cela avait même un sens très fort à mes yeux : cela signifiait que je montrais à ma fille que j'étais contente, moi, d'avoir une fille, et qu'elle méritait que je lui accorde une attention particulière, qu'elle ne soit pas noyée comme j'avais pu l'être dans un magma masculiniste appelé communément "les enfants" et dans lequel elle n'aurait pas une place valorisée et bien à elle. C'était donc un progrès (!) dans mon esprit.

    Mais voilà, depuis, j'ai fait du chemin, j'ai, entre autres, rencontré de façon plus profonde et plus abrupte le monde de l'enfance et de l'éducation genrée. Si j'ai aimé jadis acheter un peu de rose pour mon bébé, cela ne m'empêchait pas en même temps de piocher dans les rayons "garçons" quelques pyjamas bleus : le rose était à mes yeux une couleur ("féminine", j'avoue), mais cela restait une simple couleur, parmi tant d'autres. Quelle n'a donc pas été ma surprise de voir que dans les magasins de vêtements, c'était un monopole, une ligne de conduite, une logique, une philosophie,... que sais-je ? Une obligation en tout cas. Mais pas seulement : dans les magasins de jouets, alors que d'un côté le rayon regorge de variété, d'arbres en plastique marrons et verts, de ciels bleus, de toits rouges, d'étoiles jaunes (bref, tout reflète la réalité, normal, quoi), en face, chez les filles, tout restait en noir et blanc. Pardon, en rose et rose : rose pâle et rose fushia : arbres, maisons, animaux... Tout.

    Je suis bien consciente que ce que je suis en train de dire est une évidence pour la plupart des lecteurs de ce blog, peut-être même pour la plupart des parents, mais pour moi ça a été un choc, assez tardif. Alors bien sûr, je me suis mise à boycotter le rose, dès les 3 mois de ma fille. Ça tombait bien : j'en étais dégoûtée.

    Mais il ne s'agit pas seulement du rose : je passe mon temps à me demander quel peut être le juste "neutre", quant à l'éducation de ma fille. Par défaut, je le vois bien, j'ai tendance à l'élever comme un garçon : je ne l'habille qu'en shorts et en pantalons, je l'encourage dans ses acrobaties, je lui offre des voitures, des ballons, des motos, je laisse toujours ses cheveux pendre naturellement, bref, les gens qui la croisent ne savent jamais si c'est une fille ou un garçon, et je crois qu'elle même l'ignore encore. Tout cela tombe bien parce qu'il me semble que cette éducation "masculine" correspond à ses propres goûts et tendances (elle ne s'est jamais intéressée aux poupées par exemple, alors que sa passion pour les véhicules et les ballons, sinon est venue toute seule, du moins dépasse largement l'influence qu'a pu causer le fait que je lui achète ces jouets-là plutôt que d'autres.

    Mais cela tombe bien avant tout parce que c'est une fille. Et c'est cela qui me pose le plus de problème dans mes réflexions sur le sujet. C'est beaucoup plus facile, bénéfique et admis d'élever une fille comme un garçon que l'inverse (même si ça ne m'épargne pas toutes les remarques). Les jeux dits "de garçons", par exemple, me semble bien plus être tournés vers l'apprentissage de la vraie vie, des connaissances utiles, de la réussite, etc, que les jouets de filles, qui, à mes yeux du moins, ont tendance à maintenir l'enfant dans un rêve passif et irréaliste. Si un jour, je devais avoir un fils, j'aurais beaucoup plus de mal encore à casser les stéréotypes sans nuire à son épanouissement, et à trouver ce juste "neutre" auquel je tiens tant, celui qui permettrait, un jour, dans un monde idéal, de laver les enfants de toutes les influences genrées, stéréotypées, sexistes, homophobes et transphobes. La réflexion va beaucoup plus loin encore que les histoires de couleurs et de jouets que j'ai évoquées ici, et pour ma part j'arrive tout droit du XIXème siècle donc j'ai encore une immense marge d'évolution devant moi.

  47. Ma fille, 18 ans à présent, était "garçon manqué", et "fille réussie" : cheveux courts, pantalons systématiquement, jouant à ce qu'elle voulait et en particulier au foot, assez agressive pour être bagarreuse et donc, crainte et peu emmerdée. A part quelques rares cas d'incompréhension, elle n'a pas rencontré de réels problèmes, tout au plus une pression de ses copines pour "l'habiller en fille" à laquelle elle a résisté sans difficulté.

    Mon fils de 14 ans adorait les "trucs de fille" : colliers, maquillage, poupées, jupes, talons hauts. Comme à sa sœur, je ne lui ai rien refusé sur le plan des jouets. Mais lui a toujours été emmerdé, harcelé et insulté à l'école par des bourrins décérébrés de 5 à 12 ans. Croyez-moi, déjà à cet âge, on peut être extrêmement malveillant et toxique.
    Alors il s'est mis à cacher ses préférences ludiques comme on cache son orientation sexuelle. Il est devenu en quelque sorte clandestin : il fallait tout planquer dans les placards de ma chambre dès qu'un copain venait, et il n'en parlait jamais à personne en dehors du noyau familial.

    On a discuté de sexisme des milliers de fois, on a tout décortiqué, on s'est plaint (le père et moi) auprès des adultes encadrants et on a même changé d'école, sans résultat (même harcèlement partout).
    Les problèmes se sont calmés avec l'adolescence, du fait de l'abandon des jouets au profit des jeux informatiques.

    On continue à parler de sexisme, mais quels que soient les mots qu'on met dessus, je ne pourrai jamais faire que ce harcèlement n'ait pas eu lieu pendant TOUT le primaire. Franchement, quel adulte supporterait 6 ou 7 ans de harcèlement sans dommages sérieux ? Et quels sont les dégâts quand ça commence dès l'école maternelle ?

    Aussi féministe que je sois depuis des millénaires, je n'ai pas pu protéger mon fils de l'immonde connerie normative de l'école, pas plus que son père n'a pu le faire, pourtant dieu sait qu'on s'est démenés tous les deux. Je suis encore révoltée par ce système et je n'ai pas beaucoup d'indulgence pour les enseignants.

  48. @Sophie : je suis de tout coeur avec toi. Bravo pour ton "travail" de parent aimant déjà 🙂 Je pense que tu as quand même protégé ton fils, il avait le soutien de ses parents dans un cocon familial apaisé et ouvert. Ce qui est déjà en soi énorme !!!! Il a grandi avec de chouettes valeurs et a pu prendre conscience tri tôt de l'ineptie des schémas de ce monde.

    Mais en même temps, ton témoignage me confirme un peu ce pour quoi je ne veux pas avoir d'enfants 🙁

  49. (l'injonction "sois brillant, voire pertinent !" est terriblement paralysante, sais-tu ? ;))
    Je ne vais donner que mon expérience. D'enfant d'abord : mon père refusait d'acheter des jouets TROP sexués, c'est à dire ni Barbie ni poupées, mais aussi pas de faux pistolets etc : c'était le royaume du légo et de la pâte à modeler à la maison On avait quand même des voitures :D. Mon père a toujours été extrême, du coup j'ai eu des poupées d'occasion refilées par ma tante, presque en cachette, j'aurais bien mieux vécu que les poupées soient aussi à mon frère, mais bon. On va dire que c'était un essai et que pour l'époque (je suis née en 73) c'était assez avant-gardiste.

    De parent : j'ai eu une fille en premier et j'ai essayé d'être vigilante sur le sujet (en plus énervée par ma belle-soeur dont la fille était à fond petit poneys roses à paillettes et qui prétendait qu'on ne pouvait pas faire autrement) et j'ai tenté d'être la plus neutre possible déjà dans le choix des vêtements (à bientôt 9 ans elle ne met pas de rose du tout MAIS est faible devant un t-shirt avec un chat ou un cheval ou un loup ou quelque animal que ce soit) et des jouets (je prenais toujours la version neutre), et de lui signifier pas subtilement du tout qu'absolument tous les métiers lui étaient ouverts si elle le voulait. Pour le moment elle veut être vétérinaire, ce qui est un peu cliché quand même chez les filles 😉 mais au quotidien ses loisirs ne me semblent pas trop genrés, elle aurait même tendance à jouer surtout avec des garçons aux Pokemons et à des jeux d'imagination.

    Mon fils a voulu pour le Noël de ses 4 ans une trottinette rose, et il l'a eue. Je n'ai pas encore entendu les gamins de maternelle le charrier sur le sujet mais parfois il me sort des discours à base de "c'est pour les filles" qui viennent directement de l'école et que je recadre à tous les coups.

    Pour le coup des baskets à paillettes je crois que j'aurais tenté de négocier un truc un peu moins too much (mais que ce soit ma fille ou mon fils qui le réclame d'ailleurs !)

  50. Sophie, tu as été admirable. Si tu avais forcé ton fils à "rentrer dans le rang", je ne suis pas sûre que tu y sois parvenue et je ne suis pas sûre non plus que ça aurait été plus profitable pour lui.

    Son père et toi l'avez soutenu du mieux possible, il a eu la chance d'avoir le choix, et c'est ça qu'il va retenir.

    Ca me rappelle mon adolescence où j'étais hors normes non pas par rapport au sexisme, mais au racisme. J'ai été éduquée de façon anti-raciste par des parents post-soixante-huitards. A l'adolescente, je suis partie avec eux en Afrique où j'ai été confrontée à une société digne de l'apartheid avec une ségrégation claire entre les blancs et les noirs. Il se fait que ni moi, ni mes parents n'avaient de problème à fréquenter les noirs. J'ai donc eu des amies et amis noirs, puis même mon premier amoureux noir. Ca m'a valu des brimades à n'en plus finir de la part des blancs. L'école (des blancs) que je fréquentais était l'enfer. J'étais rejetée, seule dans la cour de récréation, j'encaissais des moqueries non seulement des autres ados, mais aussi de certains profs. C'était tout simplement inadmissible de fréquenter les noirs. Malheureusement, je n'ai pas eu le soutien de mes parents. Mon père était absent. Ma mère n'avait aucune confiance en elle. Chaque fois qu'elle allait quelque part et qu'elle croisait des blancs (tout le monde se connaissait), il y en avait toujours bien un qui lui disait "j'ai vu ta fille à tel endroit avec des noirs". En rentrant à la maison, elle m'engueulait. Je devais donc me cacher pour fréquenter mes amies et mon amoureux. Mais tout le monde chez les blancs le savaient. Je n'avais plus aucune confiance en moi. C'était devenu invivable. En plus en plein dans la période de fragilité qu'est l'adolescence.

    Mais j'ai survécu. Ca m'a pris quelques années, mais j'en suis sortie. Je n'ai jamais regretté un seul instant mes choix en Afrique. Ils correspondaient à mes valeurs. J'ai seulement reproché à mes parents de ne pas m'avoir soutenue.

    Il se fait que 20 ans plus tard, par la magie de facebook, j'ai retrouvé plusieurs filles de ma classe (que je ne fréquentais pas à l'époque, si ce n'est partager l'espace le temps des cours). L'une d'entre elle a entretemps pris conscience du caractère raciste de la vie en Afrique. Nous avons beaucoup parlé. 20 ans plus tard, elle m'a dit "c'est toi qui avait raison". Tu ne peux pas t'imaginer à quel point cette phrase a été énorme pour moi. Une autre m'a dit "ça me fait plaisir de te revoir, tu m'as énormément marquée là-bas, et nous sommes devenues très proches."

    Comme quoi, il ne faut pas désespérer. Il faut sans arrêt se battre pour ses convictions et ses valeurs. On ne sait jamais d'avance ce qu'on sème.

  51. Je souscris pleinement à ce que dit Sophie.
    Nous avons eu 3 filles qui rentraient, à des degrés divers, dans le même moule que la sienne.
    Relativement peu compliqué dès lors que nous avons clamé haut et fort que les filles et les garçons avaient les mêmes droits et les mêmes devoirs et étant entendu une fois pour toutes que les gens disaient ce qu'ils voulaient peu importe.
    Ceci dit, nous avons découvert le harcèlement dont les filles font l'objet au fur et à mesure qu'elles grandissaient.
    A nos côtés c'était une tribu de garçons qui grandissait ; et visiblement c'étaient moins facile.
    les parents, nos amis, n'avaient pas d'apriori. Mais lorsqu'un garçon joue à la dinette les réflexions tombent drus, lorsqu'il présente des ongles vernis, très fier, à la caissière il s'entend répondre "mais c'est pas bien, ce sont les filles qui mettent du vernis" d'où long discours de sa mère et de moi-même à cette dame qui se solde par une incompréhension totale.Je me souviens aussi de N. avec son jouet machine à coudre : mon aînée et ses bases militaires suscitaient finalement moins de réactions négatives.
    Et tout à l'avenant.

    Je me demande si le sexisme ne joue pas avant tout pour les garçons quand ils sont jeunes ; puis se sont les filles qui en font les frais quand tout le monde grandit.Et bien évidemment les garçons qui ne rentrent pas dans le moule commun à l'adolescence.

  52. Je vais (encore) raconter une anecdote 🙂 (ça devient ma marque de fabrique ma parole!)

    Le week end dernier nous sommes suis allés dans un magasin de jouets. Notre fréquentation des magasins de jouets a augmenté de façon exponentielle depuis la naissance de notre fille.
    Je n'avais de cet univers que des traces vagues de ma propre enfance composée de Légos essentiellement et de quelques barbies que j'avais obtenue à force de supplications intenses.

    J'ai été effarée de constater que dès l'entrée le magasin était séparé en deux. Visuellement, aux couleurs qui vous explosent au visage, on sait tout de suite si on est dans un rayon pour les filles ou les garçons.

    J'ai posté sur twitter une photo mettant bien en évidence le sexisme ambiant: d'un coté les jouets pour petites filles imitant maman qui fait le ménage (avec la fameuse charrette Smoby de femme de ménage donc), et juste à coté un jouet pour garçon imitant papa qui travaille en l'occurence la panoplie du parfait médecin.
    Sur l'emballage de la charette de ménage, une petite fille, sur celle de la panoplie de médecin, un petit garçon.
    EVIDEMMENT.

    r
    Ce que je n'ai pas dit dans mon tweet, c'est que pour la petite histoire, j'ai moi-même eu la charrette de ménage quand j'étais enfant.
    Je m'en souviens très très bien parce que c'est moi qui l'avais réclammée à ma mère.
    Plutôt féministe à l'époque, et hostile aux jouets trop genrés elle a catégoriquement refusé de me l'acheter.
    Devant mon insistance, elle a fini par céder à moitié. Refusant de sortir de l'argent pour ce jouet, elle l'a finalement demandé à "l'arbre de Noel" organisé par son entreprise (grand sauterie annuelle organisée par le CE et où chaque enfant recevait un jouet choisi par les parents).
    Pour tout vous dire elle m'en parle encore de cette charrette de ménage comme l'un de ses grands renoncements éducatifs. (c'est un peu devenu l'histoire qu'on sort à tous les dîners, j'en rajoute un peu mais à peine). Et ce renoncement fut le premier d'une longue série. Après ça il y a eu les barbies, les défrisages, et j'en passe.
    Ma mère me raconte encore son angoisse à l'époque. Et pourquoi elle a cédé. Comme je le disais dans mon commentaire il est extrêmement compliqué de céder face à l'école, face à l'entourage. Mais c'est encore pire quand la pression vient de l'enfant lui même.

    Tout ça pour dire quoi?
    Qu'au final même si les enfants parfois se fondent dans le moule de leur plein gré (même si on est d'accord qu'ils ne sont pas forcément conscients de ce que ça implique en terme de théorie du genre ou de sexisme) ce n'est pas ce qui les conditionne à vie (ou en tout cas pas la seule chose).
    Je reste convaincue qu'on peut leur donner des clés pour prendre conscience au fur et à mesure qu'ils grandissent des ressorts de la société dans laquelle ils vivent. Mais je crois aussi que pour ça il faut beaucoup de patience.

    Et puis, il y a des progrès.
    On parle de sexisme aujourd'hui mais je voudrais donner un autre exemple que je connais bien.
    Celui du racisme.
    Comme tu l'as dit dans ton article, nous vivons dans une société sexiste mais aussi raciste.
    Lorsque mes parents se sont rencontrés (ma mère est blanche, mon père est noir) et qu'ils marchaient main dans la main dans la rue, les gens changeaient de trottoirs et traitaient ma mère de pute.
    Ce type de comportement qui était systématique à l'époque est plus rare aujourd'hui. Les couples inter-raciaux se multiplient. Il deviennent une "normalité" de la société reprise dans les publicités et les films (alors c'est pas encore la panacée évidemment, mais il y a des choses qui avancent. Je vais en faire rire certains, mais enfant j'étais fan de Claude François parce que ses passages télés étaient pour moi une des seules occasions de voir des femmes noires considérées comme jolies à la télé. Je crois qu'on est loin de ça aujourd'hui, même si le racisme est toujours là)

    Concernant le sexisme dans les jouets, certaines marques commencent à faire des jouets non genrés (cf cet article http://www.lemonde.fr/vous/article/2012/12/14/la-revolution-sexuelle-du-jouet-est-en-marche_1805562_3238.html), parce qu'il y a un marché, et surtout : parce qu'il y a de plus en plus de demande. C'est bien la preuve que les parents commencent à prendre conscience de l'impact que ça peut avoir (enfin certains car à mon avis l'hyper sexualisation des jouets est aussi une réponse à une demande des parents).

    Dans le commentaire que j'ai laissé l'autre jour je relevais aussi que ce qui me marque beaucoup dans ce débat c'est cette peur qui semble tétaniser les gens qu'on puisse se tromper sur le sexe d'un enfant, ou qu'un enfant puisse volontairement s'approprier ce qui est traditionnellement réserver à l'autre sexe.

    Comme si ça allait influencer sa sexualité future (car au fond, je crois que c'est bien ça le nerf de la guerre).
    Si les filles se comportent comme des gars c'est oh mon dieu, elles risquent d'être lesbiennes, si les gars se comportent comme des filles, rhalalala il va être gay (je tiens à préciser que cette phrase ne reflète en aucun cas mon opinion mais ce que suppute être à l'origine de cette crainte irrationnelle chez certains, voire dans notre société en général).
    C'est pour ça je crois qu'il est "moins grave" d'être une fille garçon manqué qu'un garçon efféminé. L'homosexualité féminine est mieux perçue que la masculine.
    Et face à ça je crois que la seule réponse au delà de la lutte contre les clichés sexiste est la lutte contre l'homophobie.
    Quand tout le monde n'en n'aura plus rien à faire de ce que nos enfant feront de leur sexualité alors tous ces critères de virilité, féminité n'auront plus de raison d'être. Les garçons pourront mettre du vernis à paillette,tout le monde s'en foutra comme de sa première chemise. Les filles pourront jouer aux petite voiture etc...
    Les enfants une fois adulte feront eux même le choix de leur genre et de leur sexualité et on en parlera plus.

    Maintenant en attendant, comment faire pour élever ses enfants en respectant ses convictions ? Comment leur épargner de ce diktat du genre? le racisme? et autres trucs bien sympa des cours de récré (on n'a pas parlé du surpoids, du handicap, des physiques peu communs etc)

    Je n'en sais rien.
    Mais quelqu'un a dit plus haut que le plus important c'est de donner confiance aux enfants.
    Pour qu'ils puissent faire leurs choix et en affronter les conséquences et je crois que c'est très juste.
    Mais tous les enfants n'ont pas cette confiance, ou pas au même âge. Les plus jeunes ont beaucoup de mal à affronter les injustices dont ils ne perçoivent pas les enjeux. Alors que faire en attendant?
    J'aurais tendance à vouloir les préserver le plus possible jusqu'à ce qu'ils soient en âge de comprendre. Mais dans quelle mesure céder? je ne sais pas. Je crois que ça dépend beaucoup de ce à quoi on est confronté au quotidien.
    Ma mère m'a dit un jour "bon je vais être honnête, t'étais très grande, grosse, noire, enfant de divorcés (c'était mal vu à l'époque), tu ressemblais à un garçon à cause de tes cheveux, j'ai cédé sur certains trucs (défrisage, barbies) pour améliorer un peu le truc parce qu'on ne peut pas lutter sur tous les fronts".

    Je crois aussi beaucoup à la force de l'exemple des parents.

    j'ai beau être en désaccord avec mes parents sur de nombreux sujets, il y a quand même quelque chose dans leur attitude qui m'est resté.
    Un genre de force. Celle de ne pas se laisser écraser. Celle de l'ouvrir pour défendre ses idées.
    Parce qu'ils l'ont fait, pour s'aimer en toute liberté, pour m'élever, pour défendre leurs idées politiques, pour refaire leur vies, pour s'élever professionnellement, je crois que j'ai gardé ce goût de la lutte pour mes convictions.
    C'est ce que j'aimerais transmettre à mes enfants.
    Et je crois (à mon grand désespoir ;)) que pour les mener vers cette confiance il faut aussi accepter le risque que ça les mène à des convictions qui ne sont pas les nôtres (et j'ai d'ailleurs aujourd'hui dans certains domaines des convictions qui ne sont pas celles de mes parents). Enfin je ne sais pas. Je ne sais même pas vraiment comment cette confiance se transmet. Est-ce qu'elle s'acquiert vraiment par l'exemple parental, par la hargne, l'envie d'avancer?

    Et je crois aussi qu'on transmet énormément de choses sans s'en apercevoir.
    Le couple que formaient mes parents ou ceux qu'ils ont pu former après leur divorce avec leurs conjoints respectifs, leur attitude face aux emmerdes diverses de la vie, face aux attaques racistes ou sexistes ont laissé chez moi bien plus de traces que ma charette de ménage, mes poupées barbie, ou les remarques à l'école.

    Voilà, encore des anecdotes, encore un commentaire décousu.
    C'est en tous cas extrêmement intéressant de lire les réactions de chacun sur le sujet.

  53. Dans vos témoignages il y a plusieurs exemples de fratrie sœur garçon manqué / frère qui n'aime pas les jeux de garçon.
    Dans une certaine mesure c'était aussi mon cas dans l'enfance.

    Je me demande s'il y a une explication à ça, si cela a été étudié. Ou si c'est juste une coïncidence.

  54. Pk, peut-être que si les parents décident de refuser de céder aux stéréotypes de genre et laissent à leurs enfants un libre accès à tous les jeux (dont les jeux qui leur sont socialement interdits), les enfants s'orientent vers ce qui leur plaît indépendamment de leur genre. pour moi, la multiplicité de ces exemples tendrait à montrer que le genre(construction sociale) et le sexe biologique ne correspondent pas si systématiquement, pour peu qu'on laisse les enfants vraiment choisir. Malheureusement, la société passe son temps à tenter de les faire rentrer dans le rang, quand ce ne sont pas les parents eux-mêmes, jusqu'à faire rentrer dans le rang les enfants des autres par des commentaires hautement crétins du style "Mais c'est pour les filles/garçons, tu ne peux pas".

    Celina, Mwana Muke, merci ! Celina, certes, je comprends qu'on hésite à mettre des enfants au monde dans une société aussi sexiste, parce que c'est l'enfer et les envies de meurtre toutes les cinq minutes, mais je tiens à dire qu'il y a de bons côtés aussi, je le jure 🙂
    (Sauf que les bienfaits de l'amour inconditionnel à l'égard d'un enfant ou venant d'un enfant, c'est nettement plus complexe à expliquer ou à décortiquer que le sexisme !)

  55. Wow, que de commentaires super intéressants, voire carrément instructifs.

    Le témoignage de Sophie, j'en parlais avec des potes (fille en l'occurrence) de jeu à qui je montrait cet article hier : là où éduquer une fille a son lot de difficulté pour des raisons de sexisme ambiant que l'on connaît tous, ça reste plus "facile" si elle est hors normes qu'un garçon qui l'est. Notre belle société papatriarcale frôle la démence en ce qui concerne les normes masculines ; le plus ironique est que les parents d'autres enfants à l'école qui vous pourriront le plus la vie diront qu'ils le font pour l'enfant car... sinon il pourrait être mal vu et les gens le feraient souffrir etc. Prophétie auto-réalisatrice dans la persécution, c'est franchement super gonflé (mais socialement admis, alors bonjour homophobie).
    Faute de pouvoir savoir ce que ça fait, tu as toute ma sympathie et mon admiration d'avoir enduré ça et d'avoir fait au mieux pour que ton garçon ne le vive pas trop mal, Sophie. :'(

    J'aime bcp aussi ton témoignage, Mommy'sBadTrip. Comme évoqué plus haut, j'ai bientôt une petite (youpi !) et ma femme et moi évitons soigneusement toute cette déferlante de rose et de jouets/habits "disempowering" ad nauseum. Car c'est le principal souci de tout ça, outre le fait de genrer inutilement et à outrance ces articles (mis à part le fait de pousser à la surconsommation dès l'enfance), on désarme les filles avant même qu'elles aient conscience de leur sexe et on les "remet à leur place".
    (Néanmoins on lui en achètera/fabriquera un peu, pour varier et qu'elle ne ressente pas une restriction... Mais juste un peu vraiment ><)

    D'ailleurs Mélanie met le doigt exactement sur ce qui est le plus gênant là-dessus : "elle aurait même tendance à jouer surtout avec des garçons aux Pokemons et à des jeux d'imagination". 'Nuff said, comme on dit sur les interwebz.
    Aux garçons on propose de se dépenser, d'imaginer être un cowoby, un ninja, un astronaute, etc... Aux filles, que des rôles passifs ou développant peu l'imagination. Une vidéo brillante de Feminist Frenquency à ce sujet : http://www.youtube.com/watch?v=rZn_lJoN6PI Comme Anita Sarkeesian le relève, soit dit en passant, c'est aussi limitant pour les garçons.

    Mwana ton commentaire m'a foutu une boule dans la gorge...

    @Floz : Non je ne pense pas, le sexisme joue beaucoup pour les filles dès l'enfance. Beaucoup plus même, leur cadre reste beaucoup plus limitant. Mais c'est une pression constante et insidieuse, donc pas violente frontalement. Pour les garçons, la violence dont on parle là existera toujours (je me souviens de ce jeune homme en mascara -ça lui allait bien en plus- dans le tram à Bruxelles, railllé par trois baltringues sans style et tous les trois dans la même tenue, j'ai honte de pas avoir réagi à l'époque). C'est "juste" que c'est un rejet plus violent et plus frontal quand à leurs non-respect des normes ; et évidemment c'est d'autant plus choquant quand c'est pour un enfant en pleine construction.
    Enfin je le ressens comme ça.

  56. Petite, je me suis davantage tournée vers les voitures, les jeux de construction, que vers les barbies (à la rigueur, je leur coupais la tête). J'essayais les chaussures de mon père, c'est d'ailleurs lui qui m'a éduquée. Mais je ressemblais beaucoup à une fille : cheveux longs, robes, etc, et j'ai envie de dire "Dieu merci". À 4 ans, à 7 ans, à 11 ans on ne peut pas comprendre l'exclusion qu'on subit. J'ai été mise de côté car j'étais lesbienne sans vraiment m'en rendre compte, car les enfants sont drôlement plus malins quand il s'agit d'observation que quand il s'agit d'eux mêmes. Et je me dis que c'aurait été pire si j'avais été du genre à m'habiller "comme un mec" (ce que je ne supportais absolument pas, en revanche, et qui relève de mon goût personnel plus que de la pression sociétale). Ou que mes parents m'y avaient forcée.
    Tout ça pour dire que le bonheur d'un enfant et son équilibre sont bien plus importants que nos luttes ou nos choix à nous. On peut lui dire ce que toutes ces choses impliquent, c'est plus délicat de le forcer à sortir du lot. Je ne vous apprends rien si je vous dis que tous les problèmes psychologiques sont dus à la manière dont se déroule l'enfance. C'est sachant cela que j'ai comme principe de ne pas céder aux caprices de mes futurs enfants. Ils n'auront certainement pas de baskets roses à paillettes, qu'ils soient garçons ou filles. Ils joueront aux jeux qu'ils veulent mais l'école reste un lieu fait de règles et de normes. S'y plier peut aider à les défaire plus tard si besoin est. Mais on ne sait jamais ce qui se passe pour son enfant à l'école. Jamais. Jamais les adultes présents ne raconteront tout, jamais un enfant ne racontera tout. Et j'ai bien plus peur pour sa socialisation que pour son goût.

  57. J'arrive un peu apres pour raconter une pette anecdote. Quand notre fille (ma belle-fille) était plus petite (c'est l'ainee), les premiers jouets de ma maison ont ete achetés pour elle (elle avait 4 ans qd elle est venue vivre avec son pere et moi) et on prenait vraiment ce qui lui faisait plaisir. Elle s'est donc retrouvé à la tete que quelques petites voitures avec lesquelles elle jouait souvent. Les amis offrait plutot des poupees mais elle n'a pas beaucoup joué avec. Qd son frere est arrivé, lui il jouait invariablement avec les voitures ou les poupees ... Jusqu'à son entrée en maternelle. Là il est rentré en disant qu'il ne voulait olus jouer avec les poupees car la maitresse a dit que dans le coin "jouets" de la classe les poupees étaient pour les filles !!
    Finalement, nous parents, ne sommes nous pas contraints de rentrer dans un certain moule et d'y faire rentrer nos enfants qu'on le veuille ou non ? Quand un enfant est different des autres, n'est-ce pas lui que l'on essaie de "traiter" d'entree de jeu plutot que de le faire accepter par le groupe ?
    J'avoue qu'en tant que parent, j'essaie qouvent de luter contre cà mais on est vite decouragé.

  58. Apprendre à se battre ne me paraît pas une mauvaise chose. A ceci prêt que je dirais "apprendre à se défendre", plutôt. De plus savoir se défendre augmente la confiance en soi, et cela étant perceptible par les autres, il y a moins de risque d'être attaqué-e.

    Je ne suis donc pas d'accord avec le ton de ton "ouais super...".

  59. J'ai deux enfants, mais je ne suis pas confrontée au problème, parce que j'ai deux filles. Que l'ainée ne supporte pas le rose, préfèrent les vêtements qu'on trouve côté garçon, joue au foot n'est pas un problème vis à vis de la société. Au pire, on me fait remarquer que c'est un "garçon manqué" (et c'est dit comme un compliment). Ce à quoi je réponds invariablement "non, c'est une fille moderne", ce qui est pris comme une simple boutade, la plupart du temps (mais peut aussi amener des échanges intéressants).

    Pour répondre à la question, je pense que si mon petit garçon voulait aller à l'école avec du vernis (parce que les baskets roses, déjà que j'en veux pas pour mes filles, il a peu de chance d'en avoir), je lui expliquerait que s'il fait ça, on risque de se moquer de lui. Que ce sont les autres qui ont tort, mais que c'est ainsi. Que je préfère qu'il ne le fasse pas mais que, quand il sera plus grand, il pourra choisir s'il le fait ou non. Par contre aucun problème pour qu'ils porte son vernis pour le WE ou les vacances.

    C'est aussi au parent de déculpabiliser l'enfant. On peut montrer d'autres exemples d'actes qu'on fait chez soi et pas dehors, bien qu'ils ne soient pas honteux (se promener nu, par exemple). Ou qu'on ne porte pas non plus de bonnet de bain dans la rue, ça ne se fait pas (on a le droit, mais les gens vont se moquer).

    On peut aussi expliquer le sexisme, tout comme on explique le racisme. Ça ne résout pas tout (j'ai bien lu les témoignages, ci-dessus), mais ça permet de transmettre les valeurs, sans instrumentaliser l'enfant dans nos propres combats.

  60. Bonjour, petit témoignage : mon neveu a 2 parents qui ont adopté le look métalleux, vêtements noirs, cheveux très longs, et il est donc au diapason de sa famille, de plus, il a un visage très fin, très féminin et rencontre depuis tout petit des difficultés liés à son apparence (cheveux longs = fille, remarques déplacées d'enfants, confusions sur son genre au premier regard)mais pour le moment, c'est inimaginable pour lui de renoncer à ce signe d'appartenance à sa famille. A 9 ans, il n'a toujours pas demandé à rentrer dans la norme et je trouve ça très bien. on est loin en effet du rose paillette, mais même avec le côté "viril" du rock, il se détache du lot. Tout ça pour dire, qu'on peut toujours mettre un serre-tête à un gamin qui a des cheveux longs quel que soit son sexe, en lui donnant des arguments "pro" (des footballeurs en mettent, des rockeurs se mettent du vernis, etc. avec des noms à citer, des modèles à présenter aux amis qui voudront en parler) et après, c'est aussi le travail des enseignants. Je voulais témoigner de mon expérience professionnelle, enseignante en collège, je rencontre le poids de la norme tous les ans et j'observe amusée les clones toujours changeants de la mode annuelle, mais j'ai la chance d'avoir un collègue qui a adopté le look punk, une autre toujours en couleurs vives, décolletés désigual, et moi-même, je suis souvent habillée de façon assez masculine, nous apportons la preuve qu'on peut ne pas être dans un stéréotype et être intégrés et bien dans notre peau, nous nous investissons dans les séances d'Education Affective et Sexuelle, et nous rappelons régulièrement les notions indispensables de tolérance et d'écoute d'autrui, démontrer par l'exemple, c'est primordial.

  61. Sur le truc de la confiance qu'on donne aux enfants, je vais vous raconter une petite anecdote personnelle: Mon père tricote. Depuis toujours. Et bien, très bien, même. Donc quand j'étais petite, j'avais souvent des pulls réalisés par mon père. 1er jour d'école, en CP, après un déménagement. J'y vais en arborant fièrement un très beau pull. Je recueille plein de compliments "trop chouette, ton pull, tu l'as eu où?". Je réponds que c'est mon père qui l'a tricoté. Pluie de sarcasmes, de moqueries : "ton père il tricote, c'est un pédé-heu!". Rentrant en larmes à la maison, je raconte l'affaire à mon père. Qui alors me console, me regarde droit dans les yeux et me sors "si jamais on t'embête encore avec ça, tu leur réponds que ton père, lui au moins, il est intéressant".
    Ca a guidé *toute ma vie*. Je n'en ai plus jamais rien eu à foutre des conformistes moqueurs, je n'ai plus eu que du mépris et de la condescendance pour eux. Grâce à cette simple phrase, j'ai chéri les électrons libres et ai ainsi pu rencontrer des gens passionnants hors normes. J'irais même jusqu'à dire que c'est aussi cette phrase qui m'a rendue intolérante envers l'homophobie et qu'elle a fortement contribué à ce que je m'affirme également féministe sans jamais m'en cacher.
    Aujourd'hui j'ai un bébé garçon de 7 mois, j'espère pouvoir un jour lui insufler cette confiance, ce mépris du qu'en dira-t'on et des cons. Et on est toujours mieux seul ou avec les autres freaks qu'entouré par des imbéciles à courte vue.

  62. Oui, entre son propre militantisme, le poids des normes, les efforts nécessaires pour changer la société, la difficile construction psychique d'un(e) enfant ou d'un(e) ado, ca fait un contexte un peu complexe à gérer pour tout un chacun. Je dirai qu'il ne faut pas trop charger la barque non plus, au risque de créer du mal être chez nos enfants... Ce ne sont pas des golems qu'on sculpte à notre guise, et en plus les comportements genrés sont si simplistes et caricaturaux, au collègue notamment, que faire de notre enfant un porte-étandard risque de lui causer des soucis. Sur un autre sujet, j'ai eu un peu le même souci avec "ma" militance sur la mixité sociale, dont ma fille essentiellement payait le prix...
    De toutes façons, malgré tous nos efforts, la sociabilisation hors famille compte autant voire plus. En plus j'ai tendance à penser que le rouge/bleu, les poupées/voitures, etc. sont des choses un peu moins importantes que la confiance en soi, le démontage du sexisme au quotidien, l'apprentissage des mécanismes de pouvoir... en tout cas transmettre à ma fille les fondamentaux de l'inacceptable, qu'elle devienne une battante voire une militante elle-même.
    Le problème avec la transmission parentale à l'adolescence, c'est qu'en cas de crise d'ado, il peut y avoir rejet. Ma fille, plutôt garçon manqué, est dans une période "pétasse". Evidemment le discours sur les magasines féminins blabla ne porte pas trop sur elle, ou en tout cas, c'est à bien gérer pour ne pas entraîner de réaction outrancière. Le mépris du qu'en dira-on me semble parfois un peu décalé avec des ados... qui baignent la dedans en permanence.

  63. Je voudrais encore insister sur la notion de confiance en soi et de confiance en ses valeurs par un autre exemple. Ma filleule (aujourd’hui 10 ans) a physique un look plutôt « fille », mais des goûts et centres d’intérêts très différents des autres filles (sciences, art, musique classique, etc). Pendant plusieurs années, elle a eu du mal à s’intégrer dans son école. Elle était très timide, seule dans son coin, sans aucun-e ami-e. Sa mère et moi en avons beaucoup parlé. Au fil des discussions, j’ai compris que sa mère (et son père) ont systématiquement cherché à l’intégrer en la rendant conforme aux autres petites filles (ce qui est en soi légitime, mais manifestement inefficace). Elle l’incitait à avoir des conversations « de fille », au lieu de parler par exemple de sa collection de minéraux aux rares filles qui tentaient de lui adresser la parole. Sa mère l’encourageait à participer à un groupe improvisé de danse sur une musique à la mode avec d’autres filles, alors qu’elle détestait ce morceau, etc. A ses goûters d’anniversaire, elle invitait quelques filles de sa classe et l’un ou l’autre rares garçons. Tout était bien organisé par ses parents : gobelets roses pour les filles et bleus pour les garçons, activités façon princesse-plan-plan, jeux de filles avec un peu de place pour les rares garçons. Les parents organisaient l’après-midi consciencieusement. Les enfants s’amusaient poliment. Ma filleule s’ennuyait terriblement. Et aucune de ces amies ne l’invitait par la suite à leurs anniversaires. Du coup, elle n’a plus fêté son 9ème anniversaire en invitant d’autres enfants. Sa mère était désespérée.

    Sa mère me demandait alors conseil sur comment permettre à sa fille de devenir plus sociable, moins timide et avoir des amies. Mais moi, plus je voyais ma filleule, plus il me semblait évident qu’elle souffrait surtout d’un terrible manque d’estime d’elle-même. J’ai donc suggéré à sa mère de rétablir cette confiance en elle en l’encourageant dans ce qu’elle entreprenait (même si ce n’était pas des trucs de fille), en la félicitant franchement chaque fois qu’elle faisait quelque chose de bien, en ayant vraiment une démarche positive vis-à-vis d’elle.

    Une fois suivante, elle m’explique que ma filleule, qui s’est entretemps passionnée pour l’astronomie et fréquente assidûment un club d’astronomie près de chez elle, a demandé à son père de lui offrir un poster d’Einstein. La fameuse photo où il tire la langue. Ses parents lui ont dit « d’accord, mais à condition que tu enlèves ce poster de ta chambre quand tu invites une amie, pour que tu ne passes pas pour une fille un peu spéciale auprès d’elle au risque de la faire fuir ». Et moi de réagir vigoureusement : mais pourquoi l’enlever ? Au contraire, elle doit être fière de ses connaissances en astronomie, elle doit être fière de connaître Einstein. Si une amie lui pose des questions sur ce poster, qu’elle explique qui est Einstein. Il n’y a aucune honte à avoir. Il n’y a aucune raison de s’en cacher. Qu’elle assume pleinement ses goûts et ses différences.

    Arrive son 10ème anniversaire. La famille a une idée : inviter ses copains et copines de classe non pas pour un anniversaire princesse-plan-plan habituel, mais pour une initiation à l’astronomie. Le président du club d’astronomie en personne est de la partie et organise les activités pour les enfants. Tout tourne autour du thème : la déco sur l’Univers, le gâteau en forme de planète, des panneaux sur le système solaire, des posters, des petits films, la totale. Et, surprise, les enfants ont adorés. Tous les enfants. Les garçons comme les filles se sont impliqués dans les activités, ont posés plein de questions, ont passionnément regardé des vidéos sur ce thème, se sont totalement pris au jeu. Ils sont repartis ravis, avec des commentaires élogieux sur le mode « c’est le plus chouette anniversaire auquel j’ai participé ». Les jours suivants, les enfants en ont reparlé à l’école. Ma filleule est devenue la star du moment. Ses parents sont enchantés.

    C’était encore un exemple pour démontrer que ça ne sert à rien de forcer ses enfants à entrer dans moule en espérant les intégrer. Mieux vaut les encourager dans leurs goûts et leur inculquer une grande estime d’eux-mêmes. Une fille n’aime pas les jeux de princesse. Pas grave, elle pourra toujours devenir astronaute à la NASA. Un garçon aime le vernis à ongle et les chaussures à paillette. Pas grave, il pourra toujours devenir un grand créateur de mode dans une maison de couture prestigieuse. Ils risquent de s’en prendre plein la figure dans la cour de récréation. Peut-être. Mais avec suffisamment de confiance en eux, ils auront ensuite une vie bien plus riche que les bons petits soldats garants du respect des normes de genre.

  64. Mwana Muke : je m'en rends compte grâce à ton commentaire, c'est exactement ce que mes parents ont fait, et qui m'a permis de survivre aux coups que je me prenais au collège et au fait de ne pas avoir d'ami-e-s, avec l'idée "ici ce sont des con-ne-s, mais je finirai bien par rencontrer des gens intéressants". Ca reste dur car la société nous fait douter, mais au moins quand on rentre à la maison on est à l'abri de tout ça. Et aujourd'hui j'hallucine toujours quand j'entends des gens dire "j'ai plein d'ami-e-s sexistes/islamophobes/végéphobes/superficiel-le-s" parce que j'ai soigneusement appris à virer ces personnes-là de mon entourage, mes parents me confirmant toujours que je n'avais pas besoin d'eux, que je n'avais pas besoin d'être "cool".
    Donc pour tenter de répondre à l'interrogation que pose cet article, je pense qu'il faut en effet affirmer à son enfant qu'il peut faire ce qu'il veut, assumer ses goûts, il en chiera certainement un peu au début, mais ça vaut le coup.

  65. Ma crainte est inverse à pas mal d'intervenants. Ma hantise est que mes enfants deviennent des existes en puissance.
    Je trouve impressionnant la vitesse à laquelle les enfants intègrent les normes genrées. Je vois le résultat sur mon fils ainé à trois ans et demi, après trois ans de crèche. Depuis six mois, il nous sort régulièrement du "les filles/garçons ça fait ça" ou du "ça c'est pour les garçons/filles". C'est pourtant pas faute de le reprendre systématiquement. A table, nous avons un jeu de verres de plusieurs couleurs. Il fut un temps où il aimait bien le rose. Maintenant, il le refuse systématiquement, voire essaie de le refourguer à sa mère. C'est moi qui récupère le verre honni, afin de déconstruire la norme, mais c'est pas simple de faire réfléchir un gamin de 3 ans et demi, à un age où il entre facilement dans un jeu d'opposition avec ses parents.

    Il y a aussi le fait que le fonctionnement du foyer sert à l'enfant à jauger et relativiser, ou à l'inverse assimiler les normes genrées. La poule pondeuse l'explique bien avec son exemple sur la conduite de la voiture. Il faut rester vigilent sur son propre comportement lorsqu'il risque de renforcer des normes genrées.

    Autre anecdote : dans un jardin public, mon fils se dispute avec une fille un peu plus jeune que lui et la pousse par terre. Réactions de parents civilisés, je gronde mon fils, lui demande de s'excuser, la mère de la fillette dédramatise la situation... et de me dire "c'est normal, c'est un garçon". J'ai répondu que ce n'était pas une excuse et c'en est resté là, mais ça fait bizarre.
    C'est aussi depuis que j'ai des enfants que je peux mesurer pleinement le sexisme de ma propre mère, inquiète que mes garçons comptent parmi leurs jouets des poupées et de la dinette.

    En fait, pour moi qui peux cocher toutes les cases du formulaire des privilèges, élever mes enfants est la meilleure manière de mettre en pratique les valeurs féministes que je revendique, mais pour lesquelles je ne me suis jamais réellement engagé jusqu'ici.

  66. Au dela meme des enfants qui ne correspondraient pas a la norme, les enfants comme les femmes font partie de cette categorie de victime qui doivent se taire. Quand un enfant est martyrise, c'est lui qui est change d'ecole, lui qui ne doit pas faire d'histoire. Il est juge parfaitement normal que des enfants martyrisent des camarades genre c'est la vie on peut rien faire ce ne sont que des enfants (ca vous rappelle rien?). Et franchement de toute ma scolarite, tous les profs se taisaient voire intimidaient la victime pour qu'il ne les emmerde pas dans leur petit traintrain (en etant persuade qu'ils auraient ete de grands resistants pendant la guerre avec leurs esprits si eclaires).

  67. Je profite du billet participatif pour apporter mon modeste témoignage de féministe-sans-enfant, car une expérience m'a confrontée à l'assignation genrée des jouets pour enfants.
    Je bossais pour un site de divertissement et j'ai pondu un article sur les jouets sexistes http://www.topito.com/top-jouets-sexistes. J'avais donc ramené des catalogues de jouets pour me documenter, et-outre le tombereau d'insultes que m'a valu cet article (entre autres joyeusetés, on m'a accusé de participer activement au lobby gay du djendeur visant à détruire la société et d'être une "cruche de féministe" toxicomane et consanguine (rapport, choucroute?) viscéralement allergique à l'aspirateur) cela a amené pas mal de discussions: mon ex patron, père de deux garçons en bas âge m'a dit: "oui mais moi mes gamins, ce sont eux qui veulent des "jouets de garçons" (les pages bleues dans les catalogues) je ne leur impose rien". Ce à quoi j'ai répondu "ben quand j'avais leur âge si on m'avait obligée à choisir des jouets uniquement dans les pages roses, ça m'aurait fait chier/oui mais toi..."Ben oui, moi. Sauf que quelque part, les parents qui ont réagi à l'article avaient tous l'air rassuré que leurs mômes demandent des jouets genrés. Un papa m'a dit "ça me dérange pas que ma fille aime les dînettes et les robes de princesse, le seul truc qui me dérange c'est la brassière-allaitement, parce que ça touche à son corps". Eh oui, le corps de ta gamine, il t'appartient jusqu'à ce qu'il appartienne à celui de son mari, donc c'est ça le plus dérangeant? (Non je ne me suis toujours pas remise de la brassière-allaitement "dès 3 ans" proposée dans le catalogue JouéClub) Je n'ai pas d'enfants, je n'ai pas l'intention d'en avoir, mais je me questionne sur le genre et ses assignations dans la société, aussi je trouve l'initiative de Valérie très intéressante. J'ai donc demandé à mon mari si lui aussi avait été conditionné, si lui aussi demandait naturellement à ses parents des petites voitures et des pistolets en plastique. Sachant qu'il est né en 79, son enfance remonte au crétacé 😉 Il a été très surpris, parce qu'en tant qu'enfant unique (et passablement pourri-gâté par toute sa famille), il n'a pas eu de comparaison avec une sœur par exemple. Il m'a donc raconté que petit, il avait eu une machine à coudre, pour faire comme sa grand-mère, ancienne couturière, et qu'il adorait dessiner des patrons de vêtements avec elle. Il avait un poupon, des Chevaliers du Zodiaque, le Faucon Millenium en Lego, un tour de poterie, du matériel de dessin,(une activité jugée "féminine"), il jouait à la dinette avec ses voisines et il cuisinait avec sa mère. Sa mère l'avait déguisé en petite abeille pour une fête de l'école (avec body rayé et collants), et il assure n'avoir jamais été emmerdé ou traumatisé. Quand il a dû porter des lunettes- les lunettes de la sécu, en plastique,qui n'existaient qu'en rouge pour les filles et bleu pour les garçons, il a choisi les rouges, parce qu'il trouvait ça plus joli. Il avait des lunettes de soleil en forme de cœur et il en était très fier.
    Ses parents ne l'ont jamais forcé à être plus "masculin". Il écrivait des histoires et des poèmes, et tout le monde le félicitait pour ça, alors que ses copains jouaient au foot. Il s'est mis au sport qu'au collège, parce que complexé par son physique de crevette/lunettes/appareil dentaire et qu'il était doué pour ça, donc pour lui c'était un moyen de s'imposer auprès de ses camarades. Mais jamais on ne l'a traité de pédé avant l'entrée au collège (à cause de son physique chétif), jamais les adultes de son entourage l'ont fait se sentir anormal. Comme il me l'a dit, il n'a pris conscience de sa "bizarrerie" qu'au collège. Son père a toujours évolué dans un milieu "viril" (fratrie de 5 fils, usine, rugby...) et pourtant il n'a jamais voulu faire de son fils un "bonhomme" bien hétéro-normé. Et pourtant cet exemple est assez marginal. J'ai voulu donner un point de vue masculin parce qu'il me semble que la "peur" de l'homosexualité potentielle d'un gamin touche plus intensément les petits garçons; genreS, dès le plus jeune âge, on peut "rattraper le coup". j'ai l'impression, vu d'ici, que les parents se conforment à la norme pour leurs mômes parce qu'ils ont peur de la stigmatisation: c'est à dire qu'ils ne remettent pas en cause cette stigmatisation, et qu'ils n'ont pas l'intention de la combattre, mais de l'éviter. J'ai bien conscience que quand on est parents on a peur que ses mômes se fassent péter la gueule et harceler, aussi je ne prétends pas "donner de conseils" (ce qui serait assez malvenu vu que j'ai pas de gosses). Mais partager une expérience me semble un moyen de, sinon rassurer, du moins donner un éclairage sur une éducation pas vraiment genrée et ses conséquences. Enfin j'espère que c'était, sinon brillant du moins assez pertinent!

  68. Bonsoir,
    J'avais débuté une réponse, puis renoncé faute de trouver les bonnes formulations, et puis un épisode survenu dans ma modeste demeure ce soir m'a ramenée ici. Mon fils de 5 ans me demande un truc pour pouvoir porter son tambour autour du cou ; je dégotte un ruban bleu. La scène se passe devant ma belle-mère (au demeurant charmante) qui me sort : "ah oui, tu as raison de choisir le bleu, ça fait plus garçon". il était surtout à la bonne taille et m'évitait de retourner la maison pour trouver autre chose. J'aurais bien aimé en avoir un rose sous la main, tiens. bref, je m'énerve un peu, mais sans plus, en lui signalant que son petit-fils adore le rose et que c'est très bien (dis-je moi qui ai horreur du rose, mais ça aussi, c'est très culturel : une fille qui veut se démarquer des trucs nunuches qu'on impose aux filles, elle déteste le rose, par principe. re-bref). Et j'ajoute que je lutte beaucoup contre ces trucs "ça c'est fille", "ça c'est garçon". et là ma belle-mère qui me sort que "oui, c'est vrai, mais d'abord les jeux pour garçons et les jeux pour filles, c'est fini, maintenant, on ne distingue plus" (ciel... ma belle-mère vivrait-elle sur Mars ?), puis que quand même, ce qui la dérange, ce sont ceux qui disent que garçon et fille, c'est pareil. je lui demande donc quelle différence il y a, elle me répond "ben physiquement". je réponds, "très bien, personne ne dit le contraire" "ah mais si, c'est ce que les homos essayent d'imposer partout !". là je me suis vraiment énervée, et la discussion a été close.
    conclusion de l'anecdote : d'abord, je n'ai toujours pas trouvé comment faire pour ne pas m'énerver. ensuite et surtout, comment je fais vis-à-vis de mes enfants (2 garçons), pour les laisser libres, d'une part sans qu'ils aillent au clash avec qui que ce soit (les copains d'école - j'ai réussi à convaincre le grand qu'il avait le droit d'aller à l'école avec ses chaussettes roses, et de mettre des bracelets qui brillent si ça lui plaît... J'ajoute qu'il fait du patinage artistique, ce qui pour l'instant ne pose pas de problème, même si son parrain en a tout de suite conclu qu'il ferait du hockey plus tard... -, mais aussi éventuellement la famille...), d'autre part sans leur demander d'appliquer mon propre combat contre les stéréotypes. en bref, accepterai-je un jour que mon fils n'aime plus le rose, en admettant qu'il peut ne plus l'aimer vraiment et pas seulement "parce que c'est pour les filles" ?
    mon épisode familial de ce soir m'a fait prendre conscience que ce n'est pas simple. chez nous, on a inversé les genres : mon mari a pris un congé parental, fait le ménage et change les couches, je pars de la maison régulièrement pour le boulot... OK, mais après ? comment faisons-nous pour "protéger" nos enfants des normes socio-culturelles, sans leur faire endosser un costume de combat ?
    dans l'ensemble, au quotidien, en tête à tête avec eux, c'est assez simple. on parle, on explique. mais quand c'est mamie adorée qui dit une énormité, sans même se rendre compte de ce qu'elle dit (elle est ravie que le même petit-fils lui dessine des fleurs et des coeurs bien roses...) ?
    c'est difficile d'apprendre à un enfant la bonne distance entre se faire marcher dessus (i.e. accepter de subir une norme qu'on n'aime pas) et faire le compromis qui permet d'être soi sans être isolé.
    après, je crois aussi qu'on peut beaucoup dire. un copain de mon fils m'a expliqué un jour très sérieusement que pour un anniversaire en classe, les filles ont eu des bonbons dans un sac Hello Kitty, les garçons dans un sac Spiderman. Je lui ai demandé si je pouvais quand même avoir un bonbon spiderman, même si je suis une fille, il a dit oui (après un temps d'hésitation... ciel, 4 ans et demi...). Ne désespérons pas 😉
    J'ajoute qu'il est bien plus difficile pour un garçon de faire "des trucs de filles", que l'inverse (pas nécessairement quand on est enfant ; mais plus tard, c'est clair). Une fille qui agit "comme un mec", elle va vers le haut. Un garçon qui agit comme une fille, il se déclasse.

    Autre anecdote familiale : je me suis rendue compte honteusement que je disais facilement de mon deuxième que "c'est un vrai mec", parce qu'il aime passionnément les voitures et parce qu'il a toujours eu un caractère plus "dur" que son frère. ça m'a terrorisée quand j'ai réalisé que je sortais des trucs comme ça.
    ouf, depuis il joue à la poupée 😉

    bref, tout ça pour dire que ce n'est pas simple. Ce qui m'amène aussi à un immense merci à l'auteure de ce blog, que je lis avec vraiment beaucoup d'intérêt et qui est une mine de réflexion.

Désolé, les commentaire sont désactivés pour l'instant.