Mai 092012
 

Je suis tombée par hasard sur cet article en tiquant sur le titre.
Le nymphomanie est le prototype du terme sexiste par excellence, qui n'existe evidemment pas pour les hommes.
Je suis allée de surprise en surprise. On nous parle d'une "nymphomane", d'une "cougar", aux "courbes de sirène", d'une "tigresse".

A  aucun moment n'est donné le vrai terme désignant cette femme : "une violeuse".

Il y a toujours deux façons de désigner la violence commise par les femmes :
- soit elle est majorée. Ainsi certains ont trouvé pire qu'à Abu Ghraib une femme ait pu participer à ces horreurs. D'autres trouvaient bizarre que Monique Ollivier ("une maman") n'ait rien fait face à Fourniret (un papa également rappelons le).

- soit elle est au contraire minorée et donc, par corollaire la victime est moquée. Ici la quasi totalité des commentaires tendent à se moquer de ces hommes violés.  L'article lui même semble peu prendre au sérieux les déclarations des hommes ; on est à deux doigts de se dire qu'au fond ils ont bien eu de la chance.

Une affaire défraie la chronique au Zimbabwe ; celles de femmes qui violeraient des hommes pour leur voler leur sperme.  J'avais entendu parler de cette affaire lors de l'émission de radio de Ruquier où tous les chroniqueurs présents sans exception avaient ri à n'en plus finir en disant qu'il était impossible qu'une femme viole un homme et que s'il avait une érection c'est qu'il était fortement consentant. Un des chroniqueurs avait même pris une voix efféminé pour imiter un homme se plaignant d'être violé par une femme.

Disons et répétons encore une fois que l'érection est mécanique. Certains hommes, pendant un viol ou une agression sexuelle, peuvent avoir eu une érection et en ressentir une honte immense QUI N'A PAS LIEU D'ETRE. Dans l'affaire de Munich les victimes étaient visiblement face à une malade mentale - sa réaction devant les policiers en témoignent - qui a clairement du les effrayer. sauf qu'il est interdit dans nos sociétés d'avoir peur pour un homme, tout comme il leur est interdit de n'avoir pas envie de sexe.

J'espère que des associations vont clairement pouvoir les soutenir, et même si cette personne est jugée pénalement irresponsable, que la société allemande - et française - comprenne qu'il y a bien eu viol.

 

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  22 réponses sur “Une bonne blague ; le viol masculin”

  1. J'ai tiqué sur ce truc aussi, je trouve ça pathétique de la part des journalistes.

  2. Et certains commentaires sont aussi à gerber, comme :
    "Munich, vous dites?...

    Ok je prend ma voiture, je reviens dans quelques semaines..."


    "enfin , une histoire rigolote dans les info !"
    ...

    Mais d'un autre coté, je me rappelle avoir ris quand on m'a raconté cette histoire il y a quelques semaines, en ayant la même réaction que le premier commentaire que je cite.

    Je suis un homme, profondément féministe, plutôt queer, je suis d'accord avec 98% (j'ai pas d'exemple où je suis pas tout à fait d'accord, là) avec tes positions, le titre de ton article m'a choqué quand je l'ai vu sur Twitter, alors, pourquoi ai-je ce genre réaction à chaud ?!

    Je repense à l'article "Je suis un gros con" (http://www.pingoo.com/2012/04/03/je-suis-un-gros-con/) de pingoo, et je me désespère, parfois.

  3. Tout le monde aurait écrit l'article de Pingoo en étant un peu franc avec lui même.
    On a tous et toutes des comportements parfaitement sexistes, racistes etc.
    Je dis souvent - par provocation un peu et par logique beaucoup - que le féminisme est un jihad parce que jihad veut aussi dire qu'il vaut se combattre soi même. Il faut traquer ses mauvais comportements ou reflexions.
    Donc tu as eu cette réflexion idiote, tu en as eu conscience. basta ! 🙂

  4. c'est "drôle" mais moi, en découvrant le titre de l'article, je m'attendais à une note sur le viol du pompier qui a été violé par ses collègues.

  5. alors non parce que l'affaire n'est pas jugée donc je ne souhaite pas en parler.

    en revanche je peux vous dire que les pompiers d'Evreux qui avaient reconnu - en les minimisant des violences et des agressions sexuelles sur une collègue - ont eu du sursis. (apparemment les agressions sexuelles n'ont pas été reconnues). Je ne suis pas une fanatique de la prison donc ce n'est pas cela qui me gêne mais visiblement ils ne semblent pas se rendre compte au regard des articles lus, de la gravité de leurs actes. des TIG en associations ou qq chose du genre devraient vraiment être imposés dans des affaires de ce genre.

  6. Et encore, l'article du Figaro est relativement respectueux des victimes quand on compare à ce qu'ont écrit Sud-Ouest ou 7sur7 à ce sujet :
    http://www.7sur7.be/7s7/fr/1504/Insolite/article/detail/1432115/2012/05/02/La-serial-nymphomane-a-encore-frappe.dhtml
    (remarquez que 77% des lecteurs trouvent l'article amusant).

    Je reviens, je vais vomir.

  7. Le lien que donne Cha_matou me désespère...

  8. J'ai effectivement ressenti une profonde envie de vomir quand un collègue a forwardé cet article de merde à toute l'équipe comme une bonne blague.

    Je n'ai pas commenté, parce qu'à force de leur dire tous les trois articles forwardés que 7sur7 est un site de merde à peine mieux que The Sun, ils vont commencer à en avoir raz-le-bol, ce qui ne fera que me faire disparaître de leur liste de diffusion.

  9. "77% amusant".
    C'est tout ce que je retiens du lien posté plus haut. Je suis totalement outrée du fait de vivre dans une société dans laquelle on considère qu'une histoire de viol est "amusante". Je n'irais pas jusqu'à demander à ce que les gens qui trouvent ça amusant se fassent violer pour comprendre, mais c'est tentant...

  10. « 77% amusant ».

    C'est désespérant, mais pas si étonnant que ça. Remettons les choses dans le contexte. Le viol féminin est reconnu depuis... 20 ans ? allez 30. Il n'y a donc pas si longtemps, une femme qui se faisait violer n'était rien d'autre qu'une salope, et un viol en réunion pouvait apparaitre comme une bonne blague de potache.
    Si on considère que les hommes sont forts, obtiennent toujours ce qu'ils veulent de la part des femmes, alors on ne peut pas envisager qu'un homme puisse se faire violer par autre chose qu'un homme, et encore, à condition que ce soit sous la douche en prison.
    Une femme, par principe, n'a aucune chance de violer un homme.
    De plus, ce sont les hommes qui sont obnubilés par le sexe, et ne pensent qu'à baiser tout ce qui bouge. Les femmes, c'est bien connu, n'ont des rapports sexuels que pour procréer.
    Il suffit de mettre toutes ces conneries de lieu commun qu'on entend encore tous les jours aux comptoirs de tous les bars, les mettre dans un shaker, et on comprend instantanément les 77% de réactions amusées.
    Lamentable ? Sans blague ! N'empêche que c'est la réalité.

  11. C'est sans doute parce-que les accusés sont également des hommes, mais l'affaire des pompiers de Paris accusés par un nouveau collègue de viol semble être traitée par les journalistes et commentée par les lecteurs de manière bien plus sérieuse et respectueuse que cette affaire.

  12. J'aurais bien aimé dire que le fait qu'une femme viole des hommes soit l'expression d'une sorte de besoin revanchard de voir enfin un homme payer pour tous les autres et une femme venger toutes les autres... Sauf que j'y crois pas une seconde.

    1) Ce genre de comportement revanchard est tout juste digne d'un ado, parce que c'est un âge ou rien n'est gris, tout est blanc OU noir, mais quelqu'un avec deux sous de raisonnement ne commettrait pas un tel abus de raisonnement... pfffff hi hi hi, pardon, j'arrive pas à rester sérieuse.

    2) Parce que la Nymphomane de Munich n'est jamais traitée d'agresseuse, elle est considérée comme une vamp, une femme à la sexualité débordante, une cougar... (5 ans seulement de plus que son premier amant. Peut-on vraiment parler de Cougar dans ce cas). Cool aussi, cet emploi des mots qui assimile la femme décidée au lit et ne se limitant pas aux hommes plus agés qu'elle à une prédatrice dangereuse.

  13. (dans ma première phrase, il manque "qu'on rit du fait..." j'aurais bien aimé dire que le fait qu'on rit du fait qu'une femme viole des hommes soit")

  14. je ne suis pas sûre de comprendre ton commentaire.
    par "femme décidée au lit" tu appelles une femme qui séquestre des hommes et les viole ?

  15. J'avoue ne pas avoir tout compris au commentaire de Lled, mais il me semble que sa dernière phrase était juste une digression sur le terme "cougar" dans son usage désormais courant, et non un lien avec la personne concernée par l'article.

  16. Le viol est encore une fois sujet à une bonne rigolade. C'est vrai, c'est si drôle le viol, ho ho ho.
    Les gens me désespèrent -_-
    Et puis, appeler une violeuse "couguar"... Comme si le viol faisait partie de la sexualité normale...

  17. Je sais que tu n'es pas d'accord avec la définition actuelle mais pour l'instant la définition du viol implique une pénétration de la victime (quelque soit son sexe et quelque soit le moyen) donc si la "nymphomane" l'a forcé à faire l'amour c'est une agression sexuelle car c'est elle qui est pénétrée...

  18. pour ceux qui croient qu'une femme ne peut pas violer un homme, je rappelle la technique dite du "coton-tige dans l'urètre" et des astrodoses de viagra.

    anecdote amusante: parmi les quelques endroits du corps qui cicatrisent très très très difficilement, il y a l'urètre.

  19. PascalakaT : les cours divergent sur le sujet.
    le 16/12/1997 la chambre criminelle de la cour de cassation a déclaré que des fellations faites par des violeurs sur leurs victime étaient bien un viol.

    21 octobre 98. la cour de cassation dit "l'élément matériel du crime de viol n'est ralisé que si l'auteur réalise l'acte de pénétration sexuelle sur la personne de la victime". (on était là face à une femme accusé de viol).

    contradiction donc.
    (et oui la loi m'énerve car pour avoir assisté à un procès aux assises pour viol où on en était à se demander de combien de cm le pénis était il rentré (c'est sûr que c'est capital, ca va tout changer dites donc, je pense que le critère de pénétration ne devrait pas en être un).

    chaosnail ; oui enfin nul besoin de détails de ce type relevant pratiquant de la légende urbaine. en l'ocurence les victimes n'étaient pas attachées, pas droguées.

    il m'énerve un peu qu'on ait besoin dans le cas d'homme violés de chercher midi à 14 h.
    Céder n'est pas consentir faut il le rappeler et céder face à une femme visiblement TRES agitée et TRES enervée répond parfaitement à la définition de la contrainte.
    A croire qu'il est impensable qu'un homme puisse avoir peur face à une femme !
    enfin on peut bander mécaniquement (même si on est violé par sodomie). c'est un simple mécanisme.

  20. Je ne veux pas me prononcer sur la véracité de l'histoire zibabwéenne (je n'en sais rien). Mais votre argument me gêne. Érection et éjaculation n'impliquent pas consentement. Pas du tout et en particulier dans le cas d'un viol. Ce sont des sujet sérieux (en particulier pour des hommes qui ont vécu de telles situations), merci de les traiter avec sérieux.

  21. B. oui c'est ce qu'on dit depuis le début.

  22. [...] « Il y a aussi des hommes battus et des hommes violés, vous ne faites rien pour eux ! » Et bien il se trouve que si, en fait. Les féministes agissent aussi contre le viol et les violences faites aux hommes. Ne serait-ce qu’en luttant contre la culture sexiste qui empêche les hommes de signaler ces violences et s’en plaindre (au risque de passer pour des mauviettes). Le féminisme lutte aussi contre l’image de « brutes insensibles » associée à la masculinité, et par là aide les hommes victimes de violences à demander justice et potentiellement à l’obtenir. Ceci dit, il y a bien plus de femmes victimes de violences, que d’hommes (1). Cette différence est à mettre sur le compte du sexisme. Enfin, les auteurs de violences (sur des hommes ou des femmes) sont très très majoritairement des hommes. Là encore, c’est la définition de la masculinité en tant que « propension à la violence » qui pose problème. Le féminisme n’est pas la lutte contre les hommes mais la lutte contre le patriarcat. Le patriarcat créé des clichés qui gênent les femmes mais des qui gênent aussi les hommes : il faut être viril, il faut pas pleurer, un homme ne se fait pas violer (car il est toujours content d’ajouter un « trophée » à son tableau de chasse), un homme doit ramener l’argent pour toute la famille, etc. Pour finir, il faut noter que les hommes violés ou battus ne sont jamais posés en coupable alors qu’ils sont des victimes. On ne dira jamais au sujet d’un hommes qu’il a mérité un viol parce qu’il se baladait torse nu, par exemple. Pas plus qu’on ne soupçonnera un homme d’avoir maltraité « mentalement » sa femme pour expliqué qu’il ai été battu. Bref, les féministes agissent aussi pour les hommes victimes de violence, mais comme ils sont minoritaires, ils/elles en parlent moins. C’est normal. Ça ne veut pas dire qu’ils/elles ne s’en soucient pas, bien au contraire. Sources, articles et documents pour aller plus loin : (1) Violences conjugales : [x] Les joies du masculinisme : [x] «Je me demande, c’est horrible à dire, si c’est pas ce qui lui est arrivé de mieux» : [x] «Je ne porte pas plainte, voilà pourquoi» : [x] Le viol masculin : [x] [...]

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